La diaspora africaine en Europe constitue une véritable mine d’or de matière grise pour le continent africain. Il s’agit d’une véritable ressource stratégique et renouvelable dont l’importance est capitale. Le développement durable sur le continent africain durant les prochaines décennies dépend essentiellement de l’organisation de la diaspora africaine installée en Europe. Comment celle-ci s’organise-t-elle en fonction de son pays de résidence ?
La diaspora africaine en France
Avant de s’interroger sur le mode d’organisation de la diaspora africaine en France, il est essentiel de comprendre la notion de diaspora africaine en France : est-elle unique ou plurielle ? En effet, en fonction de l’état africain dont sont originaires les membres de la diaspora, certains groupes se rassemblent autour de leur nationalité, il s’agit alors de diasporas nationales.
Malheureusement jusqu’à présent, les regroupements d’individus issus de l’immigration d’origine africaine n’ont pas été en mesure d’apporter des solutions durables. Ils ont multiplié les actions ponctuelles mais ne sont toujours pas parvenus à créer un ensemble cohérent dont la force stratégique sera de devenir une vraie force de proposition face aux gouvernements français et africains.
Le point faible de la diaspora africaine en France ? Une absence de stratégie commune défensive et offensive lorsqu’il s’agit de faire des choix stratégiques importants. Malgré les différentes actions menées depuis plus d’une vingtaine d’années, la diaspora africaine en France ne constitue toujours pas un levier d’influence. De plus, l’ensemble des personnes originaires d’Afrique ne dispose pas d’un positionnement commun sur les actions à entreprendre sur le continent africain.
L’objectif à atteindre ? Rassembler les compétences autour d’axes stratégiques à mettre en place. En procédant ainsi, la diaspora africaine en France parviendra à établir les fondements d’un groupe dont les intérêts convergent, ce qui lui permettra de mutualiser ses compétences.
La diaspora africaine en Allemagne
La diaspora africaine, au même titre que la France, se doit de s’organiser de manière commune. Le Docteur Pierrette Herzberger-Fofana, d’origine sénégalaise, qui occupe un poste politique important regrette, quant à elle, l’absence d’engagement dans la politique de la part de la diaspora africaine. Selon elle, l’intégration permet d’être accepté sur le marché du travail.
Elle confirme que les Africains éprouvent des difficultés à obtenir des postes an adéquation avec leurs compétences. Sachant que l’Allemagne est un pays qui manque cruellement de personnel qualifié, les membres de la diaspora africaine en Allemagne compétentes constituent pourtant une réelle chance pour l’Allemagne de palier à cette problématique.
Charlotte Njikoufon, fondatrice camerounaise de la KONE (Réseau pour la promotion des actes communicatifs), attend des Africains de la diaspora qu’ils collaborent entre eux afin de valoriser leur potentiel. Elle constate que de nombreux camerounais et camerounaises créent des associations engagées dans différents domaines (migration, entrepreneuriat, etc.) mais que ces dernières font preuve d’individualisme et d’une absence de valorisation de leurs forces et de leurs faiblesses, qu’elles manquent d’esprit de réseau, d’échange d’expériences, etc.
D’où l’intérêt d’initier un travail de réseau et d’établir des partenariats entre les différentes structures de la diaspora africaine en Allemagne.
Blaise Mouchi Ahua, linguiste et écrivain ivoirien, suggère de créer une seule et unique association qui regroupera toutes les autres organisations de la diaspora africaine en Allemagne. L’objectif de ce regroupement ? Mettre en place une union de la solidarité pour mettre en avant les compétences de chacun et partager les expériences.
La diaspora africaine au Royaume-Uni
Au Royaume-Uni, la diaspora africaine tente de s’organiser autour de projets ou d’objectifs communs. Nombres de membres privilégient les regroupements ethniques. Néanmoins, la Fondation AFFORD (African Found for Development) s’efforce de mettre en place un programme pour rassembler l’ensemble des membres de la diaspora africaine résidant au Royaume-Uni afin de réfléchir ensemble sur la participation et le rôle que celle-ci peut apporter au continent africain.
L’objectif d’AFFORD vise à mettre en place une collaboration entre les ressortissants britanniques d’origine britannique pour qu’ils puissent mutualiser leurs compétences et leur savoir-faire.
Malgré tout, la plupart des organisations britanniques initiées par les membres de la diaspora africaine se focalise sur le développement de son pays d’origine, à l’instar de Kacoke Madit, organisation composée d’individus originaires de l’Ouganda, qui à l’issue d’un partenariat avec Conciliation Resources est désormais en mesure de consolider son rôle de soutien auprès de la population ougandaise.
La diaspora africaine en Europe peine à s’organiser autour d’intérêts communs. Or pour parvenir à atteindre ses objectifs et à s’imposer comme un acteur à part entière dans leur pays de résidence, les différents membres de la diaspora se doivent collaborer et de partager leurs expériences.
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