Les fleuves du continent représentent un potentiel considérable et sous-exploité : une énergie propre et parmi les moins chères au monde. Mais pour les États, la construction d’un barrage est un long, très long parcours semé d’embûches…
Le chiffre est sidérant. Si le fleuve Congo, le Zambèze, la Volta ou encore le Nil s’écoulent naturellement à travers le continent et pourraient lui fournir de précieux mégawatts (MW), « seulement 5 % du potentiel hydroélectrique de l’Afrique est utilisé », nous confirme en marge de l’Africa Energy Forum – qui s’est tenu à Dubaï du 8 au 11 juin – Alex Rugamba, responsable de ce secteur à la BAD. Un mois plus tôt, à Abidjan, lors des Assemblées générales de cette institution, le président ivoirien, Alassane Ouattara, a qualifié cette situation d’ »inacceptable » alors même que l’accès à l’énergie est l’une des préoccupations majeures sur l’ensemble du continent.
Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’eau pourrait lui apporter 300 GW d’électricité. Soit l’équivalent de ce que peuvent produire 300 réacteurs nucléaires. À elle seule, la RD Congo a répertorié 200 sites, représentant 100 GW. Malgré les gisements importants présents en Afrique centrale mais aussi en Afrique de l’Ouest et en Afrique de l’Est, plus de 70 % de la population du continent reste plongée dans le noir.
Aubaine
Puissante et prévisible (contrairement au solaire ou à l’éolien), l’hydraulique peut être utilisée comme énergie de base d’un réseau électrique, permettant ainsi d’éviter les délestages ou d’alimenter plus aisément des industries ou des mines, très consommatrices d’électricité. Surtout, elle ne nécessite pas de combustibles, une aubaine dans un monde marqué par la variation des cours des hydrocarbures . Enfin, elle est plus respectueuse de l’environnement que le gaz ou le charbon, qui produisent des gaz à effet de serre. Mais malgré tous ces atouts, les États africains peinent à développer cette énergie.
Pourquoi ? D’abord en raison du coût de la construction des barrages. « Dès qu’un projet dépasse 100 MW, le budget est généralement supérieur à 500 millions d’euros », avance un expert. Soit en moyenne 50 % de plus qu’une centrale thermique, à gaz ou à charbon. La construction de ces imposants ouvrages de béton peut en effet impliquer la réalisation de canaux, de routes, de lignes haute tension, etc. « On l’oublie souvent, mais le volet BTP revient particulièrement cher en Afrique car il faut importer la majorité des matériaux de construction », souligne Gad Cohen, associé chez Eleqtra, société spécialiste du développement, de la construction et de l’exploitation d’infrastructures énergétiques. Résultat : même si une fois construites et amorties ces infrastructures peuvent délivrer un kilowattheure dont le prix n’excède pas 5 F CFA (0,008 euro), elles attirent peu d’investisseurs.
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