Le téléphone mobile a désormais un impact significatif dans le développement économique des pays africains grâce à de nouveaux services mis en place pour le commerce, la santé et l’agriculture. Pour s’adapter à ces nouveaux besoins, les opérateurs télécoms, aidés des acteurs du marché, élaborent des solutions technologiques innovantes.Quelque 70 % des Africains ont désormais accès à la téléphonie mobile. Et s’il y a un domaine où le continent est en avance en la matière, c’est bien dans l’offre de services innovants proposés aux utilisateurs. Des services développés par les opérateurs qui répondent notamment aux besoins des populations en matière de commerce, finance, santé, éducation, mais aussi dans le domaine de l’agriculture ou dans les démarches administratives. Ces services permettent d’échanger des informations quand il est parfois difficile de se déplacer, quand certains habitants sont isolés, quand manquent des infrastructures, des transports fréquents, des médecins, où quand il faut souvent une journée de marche à pied pour pouvoir accomplir des formalités dans la sous-préfecture « la plus proche ». Si bien que le téléphone n’est plus seulement un outil pour passer ou recevoir des appels mais également – les opérateurs télécoms l’ont compris – un moyen d’accéder à ces services et de soutenir des secteurs économiques en croissance. Et pour cela nul besoin d’un smartphone ou d’applications dernier cri : un téléphone basique duquel peuvent s’envoyer des SMS suffit.
Le mobile multi-usage
La santé justement, c’est vers ce secteur que se tourne aussi de plus en plus le mobile. Il est encore difficile d’en chiffrer l’ampleur mais « il y a là des opportunités pour améliorer la santé des populations en donnant accès aux informations aux moments nécessaires pour le suivi maternel et infantile, permettre à une maman de poser une question, réduire le taux de mortalité des femmes enceintes, etc. L’objectif est de faire accéder le plus grand nombre aux services de santé », poursuit Fabrice André. On peut par exemple envoyer des photos pour obtenir un diagnostic auprès des médecins qui se trouvent dans la capitale. L’Afrique étant le continent avec le moins de médecins au monde. Les possibilités de services se multiplient à l’envi. Et puis la « mobile money », rappelle-t-il, permet de mettre de l’argent de côté pour financer sa santé, même si c’est un ou deux dollars par jour, « c’est un outil qui va inventer un dispositif nouveau de santé ». Pour l’agriculture, premier secteur économique africain, il a été réfléchi à comment le mobile pourrait la rendre plus efficace avec des services d’informations sur les prix du marché, où se trouvent les denrées alimentaires les plus proches, vers quels marchés un agriculteur a intérêt à vendre. Tout comme il permet de bénéficier des services météo et de savoir quelles bonnes semences on peut utiliser et quand on doit irriguer son champ. Un capteur est pour cela relié dans la terre. Globalement, le mobile révolutionne la manière de commercer, assurant « une fluidité des marchés, permettant de négocier par SMS le prix des matières premières entre commerçants et particuliers ; avec le mobile, les pêcheurs sont directement reliés avec les marchands et ces derniers avec des clients plus éloignés », explique Jean-Michel Huet, directeur associé au sein du cabinet BearingPoint et auteur d’études sur l’impact du mobile dans les économies africaines.
Se redéployer
« Notre mission est d’investir sur place pour le développement des pays, de prendre appui sur les poumons de croissance. Plus l’Afrique a de potentiel, plus nous serons gagnants », poursuit Fabrice André. « Tous les deux ans, nous entamons un dialogue avec toutes les parties prenantes, pour connaître leurs attentes, il en remonte pour nous des sujets de business à moyen terme et des indications pour orienter nos investissements. » Ce qui incite l’opérateur à sortir du cadre de son métier historique, d’intégrer les besoins de secteurs en développement, et d’élaborer des solutions technologiques nouvelles, de se redéployer. « On peut appeler cela le mobile pour le développement, nous réfléchissons à comment nous pouvons investir, mieux couvrir certaines zones, nous regardons en quoi les mobiles peuvent accélérer les secteurs en développement. » Dernier indicateur, une progression de 10 % de la pénétration du mobile dans un pays amène un gain de 0,7 % de PIB.
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