Les habitudes de consommation, le mode de vie et les besoins des populations africaines ont connu une évolution depuis la démocratisation d’Internet. Ces différents facteurs impliquent de modifier l’approche traditionnelle du secteur financier en Afrique. Cette mutation se traduit par l’apparition des solutions de paiement mobile et la montée en puissance de nombreuses applications. Quelles sont donc les différentes solutions existantes ?

L’Afrique de l’Ouest : une région qui accuse un retard important

Les établissements bancaires de la zone Franc fonctionnent aujourd’hui en appliquant les modèles classiques d’opération : points banques, agences, communication offline par le biais de la télévision et l’affichage. Les profondes mutations entraînées par l’usage d’internet appellent à opérer un changement.

 

Pourquoi les applications mobiles ne se sont pas plus développées sur des marchés où plus de 200 000 personnes se connectent mensuellement à internet et disposent de mobiles ?

Cette réalité concerne les pays africains de la zone francophone. À contrario, les pays anglophones, et notamment le Nigeria, appellent à la mise en place d’une « cashless society », une société dans laquelle l’argent est dématérialisé.

 

Les  banques mobiles, en Afrique de l’Est, apportent un soutien au réseau des agences, généralement insuffisant, et les aident à faire face à la pression de la clientèle. Réunis au Forum Économique Mondial (WEF) de Davos, des experts financiers internationaux ont annoncé une digitalisation totale des banques africaines d’ici à l’horizon 2030.

Vers des solutions mobiles innovantes ?

Le poids des téléphones mobiles et leurs impacts sur la vie de tous les jours en Afrique est important. Désormais, il devient indispensable de mettre en place un porte-monnaie électronique en permettant à tout un chacun, à l’aide d’une série de codes, d’effectuer rapidement et simplement des transactions.

 

Lorsque Canal+ a associé sa plateforme de réabonnement avec les solutions « mobile money » existantes en Afrique, les abonnés ont constaté une simplification des formalités. Les premiers challenges à relever ? Le remplacement progressif des portails SMS par des portails USSD plus réactifs et orientés sur l’expérience utilisateur.

La numérisation de l’ensemble des services à la clientèle, de la demande de chéquier au transfert de fonds ou encore la possibilité de réaliser des règlements courants constitue le second défi à affronter.

 

L’objectif étant de simplifier l’approche « mobile money » en accordant au secteur financier un droit de regard qu’il tend à perdre au profit des opérateurs de téléphonie mobile. Néanmoins se pose la problématique à laquelle les opérateurs de téléphonie risquent d’être confrontés à savoir : que leurs offres soient associées à celles des banques au lieu d’en être le prolongement.

Proposer un cadre structuré

Face à l’interdépendance à laquelle les établissements bancaires et les opérateurs de téléphonie mobile sont soumises, l’un ne pouvant fonctionner sans l’autre, il est impératif d’encadrer ce marché.

 

À contrario des opérateurs de réseau mobile, actuellement seules les banques disposent de l’autorisation d’émettre de la monnaie électronique. En effet, une petite minorité d’opérateurs possèdent une licence de mobile banking, ce qui les pousse à devoir se tourner vers les agences bancaires pour conclure des partenariats.

 

Cette réalité ne favorise pas le développement du marché du « mobile money ». Cependant, au sein de la zone UMOA, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest a confirmé qu’elle était prête à accorder aux opérateurs de téléphonie la licence leur permettant de ne plus être dépendant d’un établissement. Cette proposition semble être restée lettre morte.

 

Malgré des régulations complexes associées à une baisse de chiffre d’affaires, les opérateurs de réseaux mobiles souhaitent de plus en plus s’orienter vers le modèle du « mobile money ». Face à la révolution digitale qui s’impose de plus en plus en Afrique, et ce, quel que soit le secteur d’activité, il est essentiel que les établissements bancaires repensent leur business model. Celui-ci devant désormais prendre en considération le nouvel écosystème dans lequel elles évoluent.

 

Des solutions « mobile money » existantes vers une nouvelle forme de paiement ?

Actuellement, il existe de nombreuses solutions de transactions financières ou de paiement de biens et services telles que Wari. Néanmoins, l’offre de Wari connaît actuellement une évolution. En effet, suite au partenariat établi avec Mastercard, début 2017, la société vise un nouveau marché : celui de la monnaie électronique pour 35 pays africains.

 

Quant au Kenya, le m-Pesa, moyen de paiement mis en place par Vodafone, rencontre un franc succès.

 

L’application WeCashUp qui permet de faire des achats en ligne ou hors-ligne puis à payer à l’aide d’un téléphone mobile de manière fiable, sécurisée et à moindre coût créée par la start-up camerounaise Infinity Space semble être la solution du futur. En effet, les utilisateurs ne sont pas obligés de détenir une carte ou un compte bancaire pour recourir à cette solution.

 

Tant que les opérateurs de téléphonie mobile ne parviendront pas à s’affranchir de la tutelle des banques, le développement des solutions de « mobile money », solutions les plus adaptées au contexte africain, ne s’effectuera pas.

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CEO AfrikaTech

Comme beaucoup de personnes j’ai connu l’Afrique à travers des stéréotypes : l’Afrique est pauvre, il y a la guerre, famine… Je suis devenu entrepreneur pour briser ces clichés et participer à la construction du continent. J’ai lancé plusieurs entreprises dont Kareea (Formation et développement web), Tutorys (Plate-forme de e-learning), AfrikanFunding (Plate-forme de crowdfunding). Après un échec sur ma startup Tutorys, à cause d’une mauvaise exécution Business, un manque de réseau, pas de mentor, je suis parti 6 mois en immersion dans l’écosystème Tech au Sénégal. J’ai rencontré de nombreux entrepreneurs passionnés, talentueux et déterminés. A mon retour sur Paris je décide de raconter leur histoire en créant le média AfrikaTech. L'objectif est de soutenir les entrepreneurs qui se battent quotidiennement en Afrique en leur offrant la visibilité, les connaissances, le réseautage et les capitaux nécessaires pour réussir. L'Afrique de demain se construit aujourd'hui ensemble. Rejoignez-nous ! LinkedIn: https://www.linkedin.com/in/boubacardiallo

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