L’Afrique a définitivement pris le pouls du numérique. Avec des taux de pénétration d’internet sans cesse croissants depuis la dernière décennie, ainsi qu’une augmentation des startups qui se spécialisent dans le développement de solutions de ce type, l’adage qui dit que l’analphabète est celui qui ne sait se servir d’un ordinateur semble se justifier.

Il existe cependant une activité qui semble avoir de la peine à se faire une place dans cet espace où se ruent aujourd’hui des entités de toutes tailles : le gaming. Cette activité qu’on pourrait aisément présenter comme la mal aimée du digital en Afrique a pourtant un potentiel intéressant à plusieurs niveaux.

1. Le gaming : ce que c’est

Le terme « gaming » désigne le jeu vidéo. C’est un anglicisme qui désigne tout ce qui a trait aux jeux électroniques, quel que soit l’appareil utilisé pour pratiquer : téléphone, tablette, ordinateur ou consoles de jeux. On utilise le même terme pour désigner la pratique de ceux qui jouent aux jeux vidéos et, par extension, les différentes activités liées.

Le gaming est donc pratiqué par ceux qu’on appelle des « gamers ». Ce titre n’est cependant pas attribuable à tout pratiquant. Il semblerait que ce soit le caractère régulier de la pratique qui confère ce titre au joueur. Le gamer est donc quelqu’un qui y consacre du temps. Les compétitions de gaming sont aujourd’hui considérées comme pratique sportive. On parle de e-sport.

Il existe aujourd’hui des tournois à caractère international sur plusieurs jeux qui incluent le combat, la stratégie en temps réel, les courses automobiles, le tir à la première personne, etc. Mais encore, le gaming a aujourd’hui une ampleur telle que les finales qui voient souvent s’affronter des joueurs sponsorisés par des marques se déroulent dans des amphithéâtres, des grandes salles de spectacles pleines à craquer !

Ceci dénote d’une industrie du jeu vidéo relativement bien établie et naturellement génératrice de revenus.

2. L’industrie du jeu vidéo dans le monde

Nintendo, Sega et Sony. Trois entités qui dominent l’industrie du jeu vidéo dans le monde et se font des sommes colossales chaque année. Les jeux et consoles développés sont chaque fois attendus comme des sorties de blockbusters au cinéma, et la collaboration entre les firmes à la concurrence autrefois tranchée permet aujourd’hui aux gamers de profiter des jeux qu’ils veulent sur les plateformes et consoles de leurs choix.

Mais encore, la diversification des plateformes de jeux possibles permet également à des développeurs de tous bords de se faire une place, un temps soit peu que leurs jeux correspondent aux attentes des gamers, qui ont tous âges (en 2018, en France, la moyenne d’âge des gamers était de 39 ans, pour un chiffre d’affaires de 4,9 milliards d’euros pour le secteur !).

La diversification des média permet également une réutilisation et une exploitation accrue des différents jeux développés, qui partent de la version originale vers des déclinaisons en réalité augmentée, en jeu de casino, ou même vers des adaptations au cinéma (adaptation qui se fait également dans l’autre sens, du cinéma au jeu vidéo). Ceci est sans oublier les gadgets et autres produits dérivés qui cartonnent auprès de générations diverses et marquent ces dernières par les souvenirs qu’ils rappellent.

 

3. Une « industrie » encore timide sur le continent mais au potentiel réel

Les studios de jeux vidéos commencent à se multiplier en Afrique (le premier studio indépendant s’établit tout de même en 1994 en Afrique du Sud), le continent ne fait qu’1% (2018) du marché mondial (310 millions de dollars par an en 2018 et jusqu’à 642 millions potentiels d’ici à 2021). Il existe une volonté réelle d’exploitation de ce secteur qui est une « sous-section » de l’industrie du divertissement sous d’autres cieux. Cette volonté est matérialisée par quelques acteurs plus ou moins connus du continent.

L’Afrique du Sud se taille la part belle de la consommation du jeu vidéo, aux côtés du Nigéria et de l’Egypte. Le marché potentiel du gaming en Afrique est de 500 millions d’individus qui apprivoisent, chaque jour, les nouvelles technologies. Des conventions et évènements autour du gaming s’organisent déjà sur une base plus ou moins régulière, attirant néophytes et gamers reconnus du continent. L’objectif : transmettre « la fièvre » du gaming et exposer le potentiel du secteur et les différents métiers liés.

A côté de ça, la richesse culturelle africaine donne des possibilités de démarcation aux jeux vidéos africains, relevant le fait que les studios qui ont le plus fait parler d’eux sont justement ceux qui ont misé sur les singularités locales pour développer leurs jeux. Ces derniers doivent cependant être attractifs pour l’international, afin d’être consommés hors des frontières africaines. Si les données actuelles ne permettent pas d’évaluer clairement le nombre d’emplois que l’activité pourrait générer dans les prochaines années, on retient tout de même le chiffre de 2 millions d’emplois dans les nouvelles technologies sur les 5 prochaines années (2019).

La réflexion suit son cours en Afrique, de même que la recherche d’investisseurs qui sauraient en percevoir le potentiel et prendre le risque. Le continent étant essentiellement mobile, la tendance semble cependant se tourner vers le développement de jeux pour mobile et pour ordinateur, les consoles de jeu étant visiblement reléguées au second plan (les estimations penchent pour une perte de parts de marché des consoles au profit du mobile). L’autre problématique importante demeure la monétisation desdits jeux, le taux de bancarisation restant relativement bas en Afrique, dominée par l’usage du mobile money.

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CEO AfrikaTech

Comme beaucoup de personnes j’ai connu l’Afrique à travers des stéréotypes : l’Afrique est pauvre, il y a la guerre, famine… Je suis devenu entrepreneur pour briser ces clichés et participer à la construction du continent. J’ai lancé plusieurs entreprises dont Kareea (Formation et développement web), Tutorys (Plate-forme de e-learning), AfrikanFunding (Plate-forme de crowdfunding). Après un échec sur ma startup Tutorys, à cause d’une mauvaise exécution Business, un manque de réseau, pas de mentor, je suis parti 6 mois en immersion dans l’écosystème Tech au Sénégal. J’ai rencontré de nombreux entrepreneurs passionnés, talentueux et déterminés. A mon retour sur Paris je décide de raconter leur histoire en créant le média AfrikaTech. L'objectif est de soutenir les entrepreneurs qui se battent quotidiennement en Afrique en leur offrant la visibilité, les connaissances, le réseautage et les capitaux nécessaires pour réussir. L'Afrique de demain se construit aujourd'hui ensemble. Rejoignez-nous ! LinkedIn: https://www.linkedin.com/in/boubacardiallo

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