L’Afrique possède un grand nombre de réserves de terres arables inexploitées. Malgré le fait que l’agriculture participe à plus de 62% au produit intérieur brut du continent, celui-ci continue des importations à hauteur de plus de 4 milliards de dollars de produits alimentaires. L’agriculture a une place prépondérante dans l’atteinte d’objectifs de développement de l’Afrique. Moteur de création d’emplois, l’agriculture constitue 60% des emplois en Afrique Subsaharienne. Malgré les efforts réalisés dans le secteur pour son développement, l’agriculture connaît une faible évolution par rapport à celle d’autres continents. L’Afrique devrait profiter de la hausse de la demande mondiale en matière de produits agricoles pour développer le secteur agricole. A cela s’ajoute l’amplification des changements climatiques, qui mettent en péril les cultures.
L’agriculture et la jeunesse africaine…
La jeunesse africaine n’est pas toujours prompte à se lancer dans l’agriculture. Dans le Moungo au Cameroun par exemple, les jeunes ont délaissé les plantations de café et de cacao de leurs parents. Pour cause, la filière étant dans une situation de mal être, tout investissement serait pour eux non seulement une perte de temps mais aussi d’argent. Les Technologie de l’Information et de la Communication pourraient donc être un appât pour la jeunesse à se lancer dans l’agriculture. Toutefois, il ne s’agit pas juste de créer une pléthore d’applications mais aussi d’évaluer concrètement l’impact desdites applications.
Apport de des TIC dans l’agriculture africaine
Gérer l’agriculture comme dans le temps, serait une grave erreur, n’apportant pas une solution favorable pour l’avenir de l’agriculture africaine. Prenons le cas du Kenya, où la Banque Mondiale développe l’analyse d’observations agro météorologiques, assurant ainsi un suivi précis des conditions climatiques. Les données permettant cette analyse sont obtenues par des technologies de télédétection et des systèmes d’informations géographiques.
Une autre manière de faire usage des TIC de manière simple : l’utilisation du téléphone portable. La société Hello Tractor rend l’accès facile aux agriculteurs nigérians et kenyans la location de tracteurs et ceci à faible coût. De plus, grâce à des vidéos tutoriels (conçues par l’organisation Digital Green), agriculteurs du Niger, de l’Ethiopie, du Malawi ou encore du Ghana se forment aux meilleures pratiques agricoles et à moindre coût.
L’usage de l’énergie solaire n’est pas en reste. Afin de réduire des pertes énormes de lait, les kenyans alimentent leurs réfrigérateurs grâce à l’énergie solaire. D’autre part, à travers la technologie des blockchains, les transactions financières sont non seulement plus aisées mais aussi moins coûteuses, pour les différents acteurs du secteur.
Évolution assez lente …
Nous sommes tous d’accord, le numérique et l’agriculture font bon ménage, et permettraient même à l’Afrique de se hisser très haut. Toutefois, malgré les 33 millions d’utilisateurs (dont juste 40% font vraiment usage desdits outils numériques) inscrits sur les plateformes stimulant l’agriculture en Afrique, il n’y a pas une grande évolution. N’oublions pas que les efforts doivent être faits à tous les niveaux, autant au niveau des acteurs du secteur qu’au niveau des gouvernements. Le tableau ci-dessous récapitule quelques conditions indispensables pour un meilleur rendu :
Conditions minimum | Conditions favorables |
Disponibilité des technologies | L’utilisation d’internet |
La connectivité des zones | L’utilisation des téléphones mobiles |
Le faible coût | Les compétences en informatique |
L’alphabétisation numérique | Une culture de l’innovation et de l’entrepreneuriat agricole |
A travers ce tableau l’on se rend compte, s’agissant des conditions minimum, que nous avons encore beaucoup de travail à faire. En ce sens où la majeure partie des agriculteurs se trouvent dans des zones rurales. Zones pas toujours connectées, tout comme les agriculteurs. Il y a donc un travail d’éducation numérique à faire. Les gouvernements africains se doivent donc d’investir dans des infrastructures, les technologies de la communication et des finances. D’autre part, en mettant sur pied les solutions numériques, l’on ne doit pas oublier que les agriculteurs sont au centre des préoccupations. De ce fait, les solutions devront être adaptées à leurs besoins.
D’après Tim Willis, Directeur de l’exploitation chez Aerobotics (start-up du secteur de l’agritech, basée en Afrique du Sud) « la capacité des petits exploitants à utiliser intelligemment les solutions numériques peut aider à transformer l’agriculture sur le continent». Il existe en Afrique pas moins de 390 solutions numériques actives. Solutions contribuant à une augmentation de près de 73% de la productivité agricole et de 37% de revenus. Les super-plateformes comme elles contribuent à l’amélioration du rendement des agriculteurs à hauteur de 168%. La numérisation de l’agriculture n’est pas juste bénéfique en matière de rendement ou sur le plan économique, mais aussi sur le plan environnemental. Toutefois, cette transformation devra faire face à de nombreux obstacles, tel que l’accès aux technologies ou services numériques. De plus, les agriculteurs aux petites exploitations peuvent se faire distancer du fait de leur analphabétisation numérique ou même du fait de l’accès aux ressources numériques. D’où le rôle prépondérant des gouvernements africains dans la mise en place des conditions nécessaires à la transformation numérique dans les zones rurales.
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