Au crépuscule d’une immense carrière musicale, le chanteur américano-sénégalais Akon est plus que que jamais impliqué en Afrique. Après avoir investi dans l’énergie solaire sur le continent, la star s’est lancée dans la création de sa cryptomonnaie et envisage aussi de créer au Sénégal une ville futuriste qu’il décrit comme « un véritable Wakanda ».
Le 3 avril dernier, le président sénégalais Macky Sall a reçu Akon au palais de la République. « Je suis venu féliciter le président de la République et lui affirmer ma disposition à travailler à ses côtés. Je mets toutes mes ressources et mon équipe à sa disposition », a déclaré dans un Wolof presque parfait la star américaine d’origine sénégalaise. Le chanteur était également venu présenter un projet d’investissement dans l’agriculture et l’énergie.
« Je suis venu féliciter le président de la République et lui affirmer ma disposition à travailler à ses côtés.»
Il en a également profité pour parler au président sénégalais d’Akon Crypto City, son projet de ville futuriste inspiré du Wakanda, pays fictif du blockbuster Black Panther. Conquis, Macky Sall a décidé d’octroyer 2000 hectares de terres, à la périphérie de Dakar, à l’artiste pour sa ville futuriste.
Conquis, Macky Sall a décidé d’octroyer 2000 hectares de terres, à la périphérie de Dakar, à l’artiste pour sa ville futuriste.
Pour Akon, ce sera encore une fois l’occasion de démentir les affirmations selon lesquelles ses différentes initiatives étaient purement intéressées et de prouver que l’avenir de l’Afrique lui tient réellement à cœur.
Philanthrope d’affaires
« A l’étape où je suis actuellement, je veux seulement me lancer dans des affaires qui vont aider les gens. Je suis dans une position privilégiée avec des moyens de faire des différences et de changer des vies. Alors, pourquoi ne pas le faire et gagner de l’argent en même temps ». Pour Akon, on peut faire des affaires et gagner de l’argent en améliorant des vies. Cette vision de l’entrepreneuriat, la star la défend depuis 2014 et le lancement d’Akon Lighting Africa, une initiative visant à électrifier l’Afrique grâce à l’énergie solaire.
« Nous avons utilisé notre propre argent au début.»
« Nous avons juste commencé par créer de l’énergie solaire pour les zones rurales et les foyers, sans idée derrière la tête. Nous n’avons même pas demandé d’argent aux pays concernés. Nous avons utilisé notre propre argent au début (entre 100 000 et 200 000 dollars pour l’installation d’un programme pilote dans un village; ndlr) ». Pourtant, son initiative avait fait de nombreux sceptiques. D’abord à cause de sa carrière musicale. « Beaucoup de gens disaient : c’est un musicien, que peut-il bien faire dans le domaine de l’énergie », avait confié Akon dans une interview. Puis il y a ceux qui pensaient que ses objectifs étaient purement lucratifs. Mais l’artiste l’assure, Akon Lighting Africa est avant tout sa manière à lui de participer au développement du continent. « Je ne pense pas que la charité aide l’Afrique. Je pense que la seule façon de construire ce continent est d’y implanter des entreprises qui génèrent des revenus importants et créent des opportunités pour la population locale ».
« Je ne pense pas que la charité aide l’Afrique. Je pense que la seule façon de construire ce continent est d’y implanter des entreprises qui génèrent des revenus importants et créent des opportunités pour la population locale ».
Mais l’histoire derrière la création d’Akon Lighting Africa a une origine plus lointaine. Elle remonte à l’enfance de l’artiste américain, passée à Kaolack au Sénégal, où les problèmes d’électricité étaient bien connus.
Un Africain né en Amérique
Lorsqu’on entend Akon s’exprimer en Wolof, un des dialectes les plus utilisés au Sénégal, avec un fort accent américain, on à envie de se demander en quelle langue pense la star. Pour lui, il n’y a pas de doutes à avoir. « J’ai un esprit africain. Je me vois comme un enfant d’Afrique ayant vécu en Amérique. J’ai peut-être étudié là-bas mais j’ai été élevé en Afrique. Mes parents et moi revenions en Afrique chaque été pour des vacances. Et puis, quand j’ai dû aller au lycée, j’avais le choix entre retourner en Afrique ou rester aux États-Unis. Les possibilités aux États-Unis étaient bien plus grandes, donc je suis resté », confie Akon. En fait, l’artiste, à l’état civil Alioune Badara Thiam, est né le 16 avril 1973 à Saint Louis, aux Etats-Unis. Il grandit pourtant au Sénégal, avant de retourner à l’âge de 7 ans aux Etats-Unis, auprès de son père, le percussionniste Mor Thiam. Sur place, il développe une véritable passion pour le hip hop. Mais avec l’univers particulier de cette musique de protestation, le jeune homme finit par se retrouver en contact avec la délinquance des gangs. Après un vol de voitures, il sera emprisonné pendant trois ans. En prison, il occupe ses journées à l’écriture de chansons et à sa sortie, il enregistre une maquette dans un studio aménagé chez lui.
Après un vol de voitures, il sera emprisonné pendant trois ans. En prison, il occupe ses journées à l’écriture de chansons et à sa sortie, il enregistre une maquette dans un studio aménagé chez lui.
Après avoir fait le tour des maisons de disques, il attire l’attention de SRC/Universal qui accepte, en 2004, de produire Trouble son premier album. En quelques semaines, Locked Up, un titre écrit juste après sa sortie de prison, devient un véritable tube. L’album lui-même, un étonnant cocktail de styles musicaux d’Afrique de l’Ouest et de sonorités américaine, finit numéro 1 des ventes au Royaume-Uni en avril 2005.
Akon est désormais une star planétaire.
En 2006, Akon sort un deuxième album : Konvicted. Triple disque de platine, il est vendu à plus de quatre millions d’exemplaires dans le monde. Akon est désormais une star planétaire.
En 2006, Akon sort un deuxième album : Konvicted. Triple disque de platine, il est vendu à plus de quatre millions d’exemplaires dans le monde. Akon est désormais une star planétaire.
Il crée son label Kon Live Distribution, qui coproduira le premier album de Lady Gaga. L’année suivante, il lance sa ligne de vêtements, Konvict Apparel. En décembre 2008, il sort un troisième album, « Freedom », qui sera certifié disque d’or. En 2011, Akon annonce Stadium, son quatrième album, initialement programmé pour l’été de l’année précédente. A ce jour, l’album n’est jamais sorti. Pendant les 3 ans qui suivent, l’artiste, qui a remporté de nombreuses distinctions, est de moins en moins présent sur la scène Showbiz. « J’étais un peu trop saturé », explique le chanteur. « J’étais à la radio, à la télévision. Je voulais juste… expérimenter davantage et faire des choses à l’international ». C’est donc à ce moment, en plein doute sur la prochaine étape, qu’Akon décide de créer Akon Lighting Africa.
Akon Lighting Africa et la naissance d’un homme d’affaires panafricain
Durant ses tournées, Akon avait remarqué que l’absence ou le manque d’électricité l’empêchait d’organiser des concerts dans des pays où l’artiste souhaitait performer. La plupart de ces pays, qui se trouvaient en Afrique, ne pouvaient pas fournir les capacités électriques nécessaires pour les infrastructures utilisées pour les concerts de grande envergure. En plus, l’artiste a connu les problèmes d’électricité durant son enfance au Sénégal. Des années après son départ, le problème était resté sans solutions. « Cette idée m’est venue au Sénégal en revenant dans des quartiers où j’avais grandi et qui, quinze ans après, étaient toujours privés d’électricité. Les infrastructures n’avaient pas bougé. Des anciens sont venus nous voir et nous ont demandé de trouver des solutions à la crise énergétique », a révélé Akon.
« Cette idée m’est venue au Sénégal en revenant dans des quartiers où j’avais grandi et qui, quinze ans après, étaient toujours privés d’électricité.»
Il décide alors de s’associer à un autre américano-sénégalais, Thione Niang, et au malien Samba Bathily pour créer Akon Lighting Africa. L’entreprise, présente dans 15 pays, souhaite fournir l’électricité à 16 millions d’Africains à l’horizon 2020, grâce à l’énergie solaire.
100 000 lampadaires solaires en 3 ans.
En 2017, trois ans seulement après son lancement, Akon Lighting Africa a installé 100 000 lampadaires solaires, près de 3000 mini-réseaux photovoltaïques et plus de 102 000 kits domestiques dans plus de 500 localités réparties dans une dizaine de pays en d’Afrique subsaharienne. Il y a quelques jours, Akon a signé un partenariat avec l’entreprise Mondobrain pour améliorer l’efficacité des infrastructures solaires de son entreprise grâce à l’intelligence artificielle.
Akon Lighting Africa a installé 100 000 lampadaires solaires, près de 3000 mini-réseaux photovoltaïques et plus de 102 000 kits domestiques dans plus de 500 localités réparties dans une dizaine de pays en d’Afrique subsaharienne.
Récemment, il a également annoncé le lancement d’Akoin, sa cryptomonnaie et la création d’une ville futuriste : la Akon Crypto City.
Akon s’est lancée dans la création de sa cryptomonnaie.
Pour l’artiste, sa ville sera le terrain d’expérimentation de sa vision, ses projets de développements pour l’Afrique et de sa cryptomonnaie qui y sera prioritairement utilisée. Et si tout se passe bien, le natif du Missourri pourra répliquer le modèle sur tout le continent africain.
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