« L’entrepreneuriat féminin en Afrique est un exemple pour toutes les femmes dans le monde. Mais il est essentiel que l’on accompagne ces femmes africaines en facilitant leur accès à l’éducation et au financement, et en développant les infrastructures », analysait Anne Bioulac, directrice générale de Roland Berger, lors de la présentation de l’étude Women Entrepreneurship in Africa : a path to empowerment, présentée le 27 septembre dernier au forum WIA à Marrakech. Ces propos ainsi que les conclusions de l’étude n’ont pas échappé à la Banque africaine de développement (BAD) ni à l’incubateur Entreprenarium, basé au Gabon, au Rwanda et au Sénégal. Dans le cadre de son Initiative pour favoriser l’accès des femmes au financement en Afrique (ou Affirmative Finance Action for Women in Africa, Afawa en anglais), la BAD s’associe avec cette fondation créée en 2014 par la Franco-Rwandaise Kristine Ngiriye (dont le nom signifie « au service de sa communauté », DLNR). Objectif : renforcer les capacités de 1 000 femmes entrepreneures sur le continent.
Des formations concrètes
Au cours des quatre prochains mois, des sessions de formation sur le développement d’entreprise et la gestion financière seront conduites par Entreprenarium dans cinq pays, en Côte d’Ivoire (Abidjan) et au Gabon (Libreville) pour la première session, qui a débuté ce 10 décembre 2018, puis au Kenya (Nairobi), en Afrique du Sud (Johannesburg) et en Tunisie (Tunis). Au programme : planification financière, conduite de projet, méthodologie, réseautage et bien plus.
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Les projets d’entreprise les plus prometteurs pourront bénéficier d’un financement. Il s’agit aussi, dans le même temps, de renforcer le dialogue sur les réformes législatives, politiques et réglementaires nécessaires à même d’encourager l’entrepreneuriat féminin et l’autonomisation économique des femmes. « Cette initiative répond parfaitement à l’approche holistique d’Afawa pour soutenir l’entrepreneuriat des femmes. En outre, nous ne nous contentons pas de doter les femmes entrepreneures des connaissances et des compétences essentielles dont elles ont besoin pour dynamiser leurs entreprises, nous facilitons aussi leur accès au financement tout en établissant un dialogue avec les gouvernements afin de créer un environnement des affaires qui libère leur capacité entrepreneuriale », a déclaré Vanessa Moungar, directrice du département genre, femmes et société civile de la Banque africaine de développement.
Les obstacles à lever
Le continent africain affiche le plus fort pourcentage dans le monde de femmes entrepreneures. Selon le rapport 2016-2017 du Global Entrepreneurship Monitor (GEM), le taux d’entrepreneuriat féminin en Afrique subsaharienne atteint 25,9 % de la population féminine adulte. De plus, les femmes réinvestissent jusqu’à 90 % de leurs revenus dans l’éducation, la santé et l’alimentation de leur famille et de leur communauté – contre 30 à 40 % pour les hommes –, ce qui crée un impact plus important sur le développement économique et social du continent.
En dépit du dynamisme de l’entrepreneuriat féminin et du rôle crucial que jouent les femmes chefs d’entreprise dans l’essor économique de l’Afrique, elles restent confrontées à de nombreux d’obstacles et manquent souvent des compétences requises en matière de gestion d’entreprise pour accéder aux financements, que ce soit au stade de la création ou à celui du développement de leurs activités. Alors que les PME africaines constituent la clé de voûte du développement inclusif sur le continent, les femmes demeurent les plus touchées par le déficit de financement, estimé à 42 milliards de dollars pour l’ensemble des chaînes de valeur, dont 15,6 milliards de dollars pour le seul secteur de l’agriculture.
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