Des éoliennes à partir de matériels de récupération : d’une capacité d’un kilowatt par heure, c’est l’une des premières réalisations des jeunes entrepreneurs de « OuagaLab ». OuagaLab est un carrefour numérique libre, gratuit et ouvert à tous. C’est le tout premier « FabLab » francophone créé en Afrique de l’Ouest. Conduit au « Pays des Hommes intègres » par un jeune Burkinabè, Gildas W. Guiella, le concept américain du « laboratoire de fabrication numérique » fait depuis lors des émules dans plusieurs pays de la Sous-région. Burkina24 a rencontré Gildas Guiella, Co-fondateur de OuagaLab.

Espace de travail collaboratif et de prototypage, OuagaLab se veut rassembleur des passionnés de la création numérique afin de stimuler l’esprit de créativité et de partage de connaissances. Ingénieur en réseau informatique et télécom, Gildas W. Guiella fait aussi l’électronique.

L’idée du OuagaLab germe dans son esprit lors du Forum « InnovAfrica », une rencontre d’innovateurs et d’entrepreneurs sociaux venus du monde entier, tenu dans la capitale burkinabè, en décembre 2011. OuagaLab regroupe une cinquantaine de membres à travers le pays et a un siège à Ouagadougou regroupant 9 personnes dont l’activité est permanente.

« On essaie de promouvoir une nouvelle méthodologie de travail basée sur l’intelligence collective. C’est dire qu’on peut travailler tous ensemble afin d’arriver à identifier les différents besoins et mettre notre effort de lutte à profit pour accompagner le développement durable », confie-t-il.

Le lieu est donc ouvert à toute personne quel que soit son niveau de compétence. « Comme on le dit, chaque problème d’un Africain est une idée d’entreprise. Et aujourd’hui, nous sommes dans un pays où 70% de la jeunesse a moins de 30 ans. Ce qui cause un problème d’employabilité. Nous venons donc dire que l’entreprenariat surtout l’entreprenariat social peut être une source d’appui au développement durable », foi du Co-fondateur du OuagaLab.

Des réalisations déjà au cœur du développement durable…

OuagaLab a réussi à « impacter » bon nombre de jeunes au Burkina en montant des projets à fort caractère social dont l’éducation numérique. Le jeune entrepreneur social définit l’éducation numérique comme un projet de récupération de vieux matériels informatiques reconditionnés dans des bidons et dans des calebasses avec des jeunes et des enfants dans des écoles primaires.

Le but, selon lui, c’est de démystifier l’outil numérique aux yeux des enfants pour leur permettre d’embrasser cette culture du numérique dès le bas-âge et devenir les personnes de demain qui vont révolutionner davantage le numérique en Afrique. Gildas et ses assesseurs ont déjà concrétisé plusieurs projets. Entre autres, une « Carto-malaria » (carte interactive de zones à risque de la malaria), une plateforme d’information agricole basée sur le GSM, une éolienne à base de pièces de récupération.

« Aujourd’hui, nous sommes sur une très bonne voie avec cette initiative (OuagaLab). Parce que notre but, c’est de créer un véritable « Tech hub » (un pôle technologique) où quand tu rentres, tu as vraiment tous les domaines qui peuvent accompagner le développement durable », dit-il.


{VIDEO} – Gildas Guiella lance un appel : « L’administration publique doit aussi s’investir (pas seulement sur le plan financier) pour accompagner les jeunes… »

« Je pense que le meilleur moyen des espaces qui accompagnent les entrepreneurs, ce n’est pas de mettre l’accent sur le gain financier. C’est une erreur parce qu’on remarque que des gens, après le lancement d’un appel à projets, font tout pour préparer un projet et aller déposer. C’est en fait parce qu’il y a un appel à projets et que c’est financé qu’ils montent leur projet et attendent l’argent. Et à la fin, l’on se rend compte que ça ne marche pas. Il faut arrêter de croiser l’entreprenariat au gain financier ».


« La connexion Internet, c’est la plus belle invention du monde »…

Pour Gildas Guiella, OuagaLab n’est pas simplement un espace, c’est un lieu de vie où toutes les activités se croisent. Utiliser le numérique pour solutionner les différents problèmes, c’est aujourd’hui possible, selon lui.

OuagaLab ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. « Notre rêve, c’est de créer la Silicon Valley africaine. (NDLR : La Silicon Valley désigne le pôle des industries de technologies de pointe situé dans la partie Sud de la région de la baie de San Francisco en Californie, sur la côte Ouest des États-Unis). C’est un rêve et je suis sûr qu’on va le faire », confie l’entrepreneur social burkinabè.

A la Silicon Valley, ajoute-t-il, ce n’est pas des immeubles, c’est des intelligences qui se croisent. Et qu’ensemble, ils essayent de mettre leurs efforts de lutte, de partager leurs connaissances et de travailler ensemble afin de trouver des solutions qui répondent vraiment aux besoins de millions de populations.

Le Co-fondateur du OuagaLab s’est par ailleurs prononcé sur la qualité de la connexion Internet au Burkina qu’il juge « médiocre » :

« Quand on parle du numérique, du développement, etc., on ne devrait plus être au stade où on est obligé de quitter la maison pour aller au service. Il faut permettre aux gens de travailler partout où ils se trouvent. Tout cela n’est possible qu’avec une bonne connexion Internet. La connexion Internet, pour moi aujourd’hui, c’est la plus belle invention du monde.

Voir un jeune avec un ordinateur et une connexion Internet, pour moi, c’est potentiellement une entreprise. Parce qu’il a tout. Ceci pour lancer un appel aux autorités pour qu’elles aient un véritable regard sur la connexion Internet au Burkina. Il y a beaucoup d’entreprises qui ne peuvent s’installer ici, tout simplement parce qu’elles travaillent avec une connexion Internet haut débit, et cela est malheureusement impossible au Burkina ».

Entretien réalisé par Noufou KINDO

Burkina 24


Lire aussi : TIC, énergies renouvelables : Une révolution planétaire au cœur du développement durable

Et autre vidéo : 

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CEO AfrikaTech

Comme beaucoup de personnes j’ai connu l’Afrique à travers des stéréotypes : l’Afrique est pauvre, il y a la guerre, famine… Je suis devenu entrepreneur pour briser ces clichés et participer à la construction du continent. J’ai lancé plusieurs entreprises dont Kareea (Formation et développement web), Tutorys (Plate-forme de e-learning), AfrikanFunding (Plate-forme de crowdfunding). Après un échec sur ma startup Tutorys, à cause d’une mauvaise exécution Business, un manque de réseau, pas de mentor, je suis parti 6 mois en immersion dans l’écosystème Tech au Sénégal. J’ai rencontré de nombreux entrepreneurs passionnés, talentueux et déterminés. A mon retour sur Paris je décide de raconter leur histoire en créant le média AfrikaTech. L'objectif est de soutenir les entrepreneurs qui se battent quotidiennement en Afrique en leur offrant la visibilité, les connaissances, le réseautage et les capitaux nécessaires pour réussir. L'Afrique de demain se construit aujourd'hui ensemble. Rejoignez-nous ! LinkedIn: https://www.linkedin.com/in/boubacardiallo

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