D’ici une vingtaine d’années, la consommation mondiale en énergie grimpera d’environ 37%. Ceci devrait nous pousser à chercher des solutions palliatives, en ce sens où non seulement les énergies fossiles s’épuisent de plus en plus mais elles polluent aussi l’environnement. L’option de recourir aux énergies renouvelables est de plus en plus considérée en Afrique. Avant de se lancer,  l’on devrait toutefois se poser un certain nombre de questions.

1.      Qu’appelle-t-on concrètement énergie renouvelable ?

Une énergie renouvelable est celle qui ne produit aucune (ou alors en petite quantité) émission polluante durant son exploitation. On les considère également comme ces énergies qui se renouvellent par elles-mêmes, rapidement, et qu’on considère aisément comme inépuisables considérant l’échelle du temps humain. Les principales sources d’énergies renouvelables peuvent être classifiées en cinq (05) catégories à savoir : l’énergie hydraulique, l’énergie solaire, la bioénergie, l’énergie éolienne, et la géothermie.

1.1.   L’énergie solaire

Elle est obtenue à partir de la conversion du rayonnement solaire. Elle peut être convertie en chaleur ou électricité. Sa source étant le soleil, elle est considérée comme source d’énergie intermittente, du fait de l’absence de soleil la nuit.

On distingue trois types de technologie solaire :

  •         Les panneaux photovoltaïques (PV) : ils transforment directement l’énergie récupérée en électricité. Pour une production commerciale, on peut regrouper plusieurs panneaux photovoltaïques dans des parcs solaires.
  •         Les technologies héliothermiques : l’énergie est récupérée sous forme de chaleur. On distingue l’énergie solaire thermique active et passive. Dans le cas du solaire thermique actif, des panneaux ou capteurs  récupèrent la chaleur du soleil. Dans celui du solaire thermique passif, l’on réchauffe directement un bâtiment par ses surfaces vitrées (effet de serre) et/ou en accumulant la chaleur sur des murs qui subissent le rayonnement.
  •         Les centrales à énergie solaire concentrée : elles sont habituellement de grandes centrales solaires reliées au réseau électrique.

1.2.   L’énergie éolienne

Cette énergie est obtenue grâce à une éolienne. L’énergie mécanique du vent est est convertie en électricité grâce à la rotation des pales. L’énergie obtenue, peut être distribuée sur le réseau électrique à l’aide d’un transformateur.

1.3.   L’énergie hydraulique

C’est celle la plus développée. Elle est tirée soit de chutes d’eau naturelle (cascade), soit artificielles (barrages hydroélectriques). Ces derniers posent tout de même quelques problèmes à l’environnement naturel en entravant la migration des animaux marins, le transfert de sédiments ou encore la continuité des cours d’eau.

1.4.   La bioénergie

Elle est obtenue à partir de résidus organiques agricoles ou forestiers à l’instar du bois, du lisier… ou encore de déchets industriels. Elle est utilisée dans les procédés de production d’énergie tels que le biocarburant, le biogaz. La bioénergie contribue à la valorisation des déchets, de même qu’à la réduction de gaz à effet de serre.

1.5.   L’énergie géothermique

Elle est tirée de la chaleur de la terre. Une exploitation continue d’une centrale peut se faire durant 30 à 60 ans. La chaleur étant illimitée, elle sera disponible pour les générations futures.

2.      L’Afrique a-t-elle en avenir dans les énergies renouvelables ?

L’Afrique possède un large potentiel en matière d’énergie solaire, en ce sens que le temps d’ensoleillement annuel en Afrique fait partie des plus hauts de la planète : environ 3 000 heures par an. Il s’agit d’un potentiel inexploité (ou très peu exploité) pouvant lui permettre d’être leader. Les enjeux auxquels l’Afrique fait face sont les suivants : un besoin de financement, l’accès aux infrastructures de même qu’aux technologies nécessaires au développement de cette source d’énergie.

3.      Quel est l’état du secteur en Afrique ?

Lorsque l’on parle d’énergie renouvelable, on pourrait penser qu’aucune action n’a été menée jusqu’à présent. Pourtant la consommation d’énergie en Afrique tourne autour des énergies hydrauliques, fossile ainsi que de la biomasse (usage traditionnel).

De plus, l’Afrique possède quelques-uns des plus grands parcs solaires du monde. On peut citer entre autre : la centrale « Noor » au Maroc, « Senergy 2 » du Sénégal ou encore celles du Niger, Burkina Faso, Kenya, Zambie…

Il est à noter que le coût de production de l’énergie solaire a considérablement baissé, encourageant ainsi ceux qui souhaitent s’y lancer. Cependant, le coût de stockage peut être un frein car assez onéreux.

4.      Quels sont les organismes encourageant les projets liés aux énergies renouvelables en Afrique?

On peut citer entre autre :

  •       L’IRENA (Agence Internationale pour les Énergies Renouvelables – depuis 2009). Son activité consiste à inciter à l’utilisation des énergies renouvelables quelles que soient leur forme, et ce, de manière durable. C’est une organisation intergouvernementale qui représente les parties prenantes du secteur et qui fait également fonction de conseil en la matière.
  •         L’IAER (Initiative de l’Afrique sur les Énergies Renouvelables) : est un projet de développement des énergies renouvelables sur l’ensemble du continent africain. Elle vise à atteindre une capacité de production de 10 GW en 2020.
  •         Le PERC (Politique des Énergies Renouvelables de la CEDEAO) : Cette politique a été adoptée, en 2012, par les états membre de la CEDEAO (Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Elle prévoit l’élaboration et limplémentation de plans d’action (PANER ou Plans d’Action Régionaux en matière d’Énergies Renouvelables) qui devraient permettre d’atteindre les objectifs fixés pour les années 2020 et 2030.

 Adoptée par les Etats membres de la CEDEAO (Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest) en 2012, elle prévoit la mise en place de Plans d’Action Nationaux en matière d’Energies Renouvelables (PANER) pour les Etats membres. Ces plans d’action devraient permettre la réussite des objectifs fixés par le PERC pour les années 2020 et 2030.

  •         Le FEDA (Fonds des énergies durables pour l’Afrique) : financé par le Danemark, l’Italie, les Etats-Unis et le Royaume-Uni, soutient la croissance économique gérée par le secteur privé de pays africains par l’utilisation de ressources en énergie propre, et ce, en octroyant des subventions.

5.      Quels sont les projets en cours en matière d’énergies renouvelables ?

Il existe de nombreux chantiers en cours à l’instar du parc solaire de Benban en Egypte (1,6 GW), le projet de la première centrale solaire flottante d’Afrique en Côte d’Ivoire, les six mégaprojets solaires de l’Ethiopie…

Par ailleurs, le projet Evolution II a mobilisé 216 millions de dollars à travers une levée de fonds, destinés à être investis dans les énergies renouvelables en Afrique.

Il existe une pléthore de projets en matière d’énergies renouvelables, cependant, ils ne sont pas toujours bien coordonnés ou sont peu connus. D’autre part, dans certains pays tels que le Cameroun ou encore l’Ouganda, 90% de l’électricité produite est à base d’énergies renouvelables (grandes centrales hydroélectriques).

6.      Les petites centrales hydroélectriques : que peuvent-elles faire ?

Le nombre de petites centrales hydroélectriques est certes en nette augmentation, mais ne permet pas une production à grande échelle. Le Cameroun en possède 262, fournissant chacune environ 50KW. La Tanzanie dispose elle aussi d’un énorme potentiel de petites centrales hydroélectriques, de même que la RDC. Ces centrales fournissent les villages isolées en électricité sans que ces derniers ne soient connectés au réseau.

7.      Quelles sont les actions de la communauté internationale ?

Celle-ci offre plusieurs possibilités de financement à travers : l’Union Européenne, des pays européens comme la Suède, l’Allemagne, la France et la Belgique, l’agence des États-Unis pour le développement international (USAID), la Banque Mondiale, l’agence japonaise de coopération internationale (JICA). Il peut s’agir de prêts ou de dons.

8.      Cesser d’utiliser les combustibles fossiles d’ici 2050, est-ce un pari possible en Afrique ?

Ceci est possible mais pas pour tous les pays. Toutefois, les énergies éolienne et solaire ne seront pas suffisantes, sauf en cas d’une capacité de stockage d’électricité fiable et abordable. Toutefois, les pays possédant aussi de la biomasse et de l’hydroélectricité ont une chance de gagner le pari.

9.      L’Afrique peut-elle acquérir l’expertise qu’il lui faut pour l’entretien de panneaux solaires ?

Ce ne sont pas juste d’ingénieurs dont l’Afrique a besoin, mais aussi de fonctionnaires. En somme, il est non seulement question de créer assez d’écoles d’ingénieurs (ce qui est de plus en plus fait) mais aussi de former des fonctionnaires. Par ailleurs, le mauvais état des réseaux électriques (d’où les coupures constantes dans certaines zones) rappelle qu’il faudrait aussi investir à ce niveau.

10.  La transition énergétique pourra-t-elle se faire sans heurt ?

Cette transition va bon train. Elle se fera au rythme de chaque pays et se fera donc de manière décalée. Les nouveaux emplois par exemple, ne seront pas créés en même temps partout. Toutefois, il faudra mettre sur pied des politiques qui pourront gérer les répercussions sur les emplois actuels.

Il est important d’investir dans les énergies renouvelables. Cependant, l’on ne doit pas faire fi des freins que rencontrent bien souvent les investisseurs. Chaque acteur devra apporter sa pierre à l’édifice afin de permettre à ce continent jeune et ambitieux de briller de mille feux.

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CEO AfrikaTech

Comme beaucoup de personnes j’ai connu l’Afrique à travers des stéréotypes : l’Afrique est pauvre, il y a la guerre, famine… Je suis devenu entrepreneur pour briser ces clichés et participer à la construction du continent. J’ai lancé plusieurs entreprises dont Kareea (Formation et développement web), Tutorys (Plate-forme de e-learning), AfrikanFunding (Plate-forme de crowdfunding). Après un échec sur ma startup Tutorys, à cause d’une mauvaise exécution Business, un manque de réseau, pas de mentor, je suis parti 6 mois en immersion dans l’écosystème Tech au Sénégal. J’ai rencontré de nombreux entrepreneurs passionnés, talentueux et déterminés. A mon retour sur Paris je décide de raconter leur histoire en créant le média AfrikaTech. L'objectif est de soutenir les entrepreneurs qui se battent quotidiennement en Afrique en leur offrant la visibilité, les connaissances, le réseautage et les capitaux nécessaires pour réussir. L'Afrique de demain se construit aujourd'hui ensemble. Rejoignez-nous ! LinkedIn: https://www.linkedin.com/in/boubacardiallo

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