ENTRETIEN. Grâce au numérique, ce passionné des cultures afros fait connecter les talents africains dans les domaines de la culture, de l’art, de la mode ou encore de la technologie.

Il a tout compris avec quinze ans d’avance ! C’est ainsi que l’on pourrait résumer une rencontre avec Maguette Mbow, Parisien d’origine sénégalaise, membre fondateur de la plateforme L’Afrique c’est chic. Avec sa jeune équipe, il travaille à promouvoir de jeunes entrepreneurs dans le domaine de la culture, de l’art, de la mode ou encore de la technologie. Démarrée il y a deux ans avec plusieurs collections de vêtements et d’accessoires au message direct et dans l’air du temps, L’Afrique c’est chic, l’initiative a fait son chemin pour devenir aujourd’hui une plaque incontournable pour ceux qui innovent et ceux qui veulent saisir cette dynamique. Le propos du quarantenaire est clair : la créativité africaine est en train de vivre une transformation durable et il faut choisir son positionnement. Concrètement, il s’agit de mettre en relation durant des rencontres et un forum annuel un grand nombre de créatifs africains. Avec sa riche expérience dans le digital au service des industries créatives, Maguette Mbow voit loin pour ce marché hyper concurrentiel en France et en Afrique. Pour Le Point Afrique, il dit tout sur ce qui fait la force des cultures africaines dans le monde.

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Le Point Afrique : On assiste à une résurgence des cultures afros dans les capitales occidentales, comment l’expliquer ?

Maguette Mbow : En effet, dans ces 20 dernières années, nous avons vécu plusieurs « vagues » africaines cycliques dans les grandes capitales occidentales. La précédente a été marquée en 2005 par la grande exposition « Africa Remix » au Centre Pompidou de Paris, qui présentait déjà près de 200 œuvres de 90 artistes africains contemporains de tout le continent, du nord au sud, d’est en ouest, dans différents univers (arts plastiques, sculptures, multimédia, design, arts graphiques…).

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L’Afrique c’est Chic était à l’honneur, aux cotés des boutiques du Village Saint-Germain, pour un défilé de mode hors-norme avec : 50 modèles. © FB

Aujourd’hui, l’Afrique revient au centre de tous les débats, non seulement par la force de sa culture, son modèle d’organisation sociétale, sa population (en majorité) jeune créative, connectée et conversante, ses richesses naturelles, mais également par le réalisme économique du monde actuel secoué par des crises profondes, chroniques et qui voit en elle son relais de croissance. Dès lors, l’Afrique, matrice de l’humanité, n’est plus perçue comme un problème mais comme une solution.

Simple effet de mode ?

La thèse de la « Civilisation de l’Universel”, chère à Léopold Sédar Senghor, posait les principes de la mondialisation sur le plan culturel. « Aucune civilisation ne peut s’ériger en civilisation universelle. Toutes les civilisations doivent construire la Civilisation de l’Universel qui revêt alors un caractère transcendant au-dessus de toutes les civilisations pour devenir universelle ». À l’Afrique c’est chic, nous suivons cette inspiration : le chic qui réside dans chaque culture nous éloigne du choc des civilisations ! Les industries culturelles africaines (textile, la musique, le cinéma…) sont de véritables leviers de croissance et représentent un gisement de créations de liens, de sens et de valeurs à l’échelle mondiale.

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L’Afrique c’est Chic a fait sa rentrée à Saint-Germain des près, du 8 au 10 septembre dernier. © FB

Quel rôle joue le numérique dans le partage des cultures afros à travers le monde ?

Le Digital est aujourd’hui le Grand Média de vulgarisation de l’histoire, des contenus et des connaissances, à l’instar de nos griots en Afrique. Ainsi, c’est une forme de tradition orale qui laisse des traces. De plus, il gomme les frontières et réduit les distances. Dakar est à un clic de Paris, Abidjan à un clic de Shanghai. C’est une opportunité et une chance pour l’Afrique, qui peut ainsi devancer le progrès et partager la richesse de son histoire, les vertus de ses produits naturels, la créativité de ses contenus.…

Comment connecter cette vision positive qui s’impose dans les diasporas malgré les polémiques avec le continent africain ?

Quelle que soit la génération, les Africains sur le continent et à l’extérieur de leur pays d’origine ont une responsabilité historique, qui consiste à créer ces passerelles nécessaires entre l’Afrique et le reste du monde. Nos actions collectives et positives représentent autant d’Ambassadeurs de notre culture originelle, respectueuse de notre tradition et désireuse de progrès.

* L’Afrique c’est Chic Forum : samedi 24 septembre, à Paris.

About The Author

CEO AfrikaTech

Comme beaucoup de personnes j’ai connu l’Afrique à travers des stéréotypes : l’Afrique est pauvre, il y a la guerre, famine… Je suis devenu entrepreneur pour briser ces clichés et participer à la construction du continent. J’ai lancé plusieurs entreprises dont Kareea (Formation et développement web), Tutorys (Plate-forme de e-learning), AfrikanFunding (Plate-forme de crowdfunding). Après un échec sur ma startup Tutorys, à cause d’une mauvaise exécution Business, un manque de réseau, pas de mentor, je suis parti 6 mois en immersion dans l’écosystème Tech au Sénégal. J’ai rencontré de nombreux entrepreneurs passionnés, talentueux et déterminés. A mon retour sur Paris je décide de raconter leur histoire en créant le média AfrikaTech. L'objectif est de soutenir les entrepreneurs qui se battent quotidiennement en Afrique en leur offrant la visibilité, les connaissances, le réseautage et les capitaux nécessaires pour réussir. L'Afrique de demain se construit aujourd'hui ensemble. Rejoignez-nous ! LinkedIn: https://www.linkedin.com/in/boubacardiallo

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