C’est l’un des huit partenariats scellés lors de la dernière édition de Transform Africa Summit, en Mai dernier à Kigali. L’Alliance Smart Africa, qui œuvre à la numérisation du continent, et Babylon, fournisseur de services de santé numériques, s’associent pour en étendre l’accès en Afrique. 

Voilà exactement trois ans que Babyl a été lancé au Royaume-Uni. Cette application mobile de consultation médicale, associée au National Health Service, permet de mieux orienter les patients grâce à un chatbot (agent conversationnel) fonctionnant à partir d’algorithmes. Objectif : juger de l’urgence de la situation des patients pour les conseiller sur la marche à suivre afin d’être pris en charge et désengorger les hôpitaux britanniques tout en permettant de réduire les dépenses de santé.

Forte de son succès au Royaume-Uni, Babylon Health a choisi le Rwanda comme premier pays de son plan d’expansion mondiale à l’été 2016, dans le cadre d’un programme gouvernemental visant à accroître la portée des services de santé du pays. Aujourd’hui, la start-up revendique deux millions d’adhérents au pays des mille collines, où elle effectue quotidiennement quelque 2500 consultations médicales téléphoniques.

Voir Aussi: Les pays d’Afrique de l’Est recherchent des financements pour un plan stratégique d’e-santé commun
Voir Aussi: Accès à la santé en Afrique : Dix start-up africaines sélectionnées par Sanofi pour Viva Technology

Dispositif adapté

Si au Royaume-Uni, les services sont accessibles via une application à télécharger, le dispositif a été adapté au contexte rwandais, où le taux de pénétration des smartphones n’est que de 10 %. Afin de permettre au plus grand nombre d’avoir accès à ces services, la start-up a mis au point un code spécifique permettant de fixer une heure de rendez-vous et d’obtenir une consultation téléphonique – réglée par paiement mobile – avec une infirmière ou un médecin généraliste. Une infirmière de triage rappellera à l’heure prévue et procédera à une brève consultation à distance pour aviser si le patient peut être traité par le biais de la médecine numérique, particulièrement adaptée pour les maux courants tels que les allergies, diarrhées, parasitoses et autres dermatoses. Ce service permet aussi, toujours grâce à l’envoi de codes, de faire réaliser des analyses ou d’obtenir une ordonnance numérique, via un réseau de laboratoires et de pharmacies partenaires. Et surtout, d’être examiné dans un établissement de santé partenaire, le cas échéant.

Afin d’aller plus loin dans cette démarche, un programme pilote de chatbot, dont la capacité de diagnostic s’affine au fil des échanges, a été lancé en 2018, avec des perspectives encourageantes. Au Royaume-Uni, il a démontré une capacité de diagnostic équivalente à celle des médecins après avoir obtenu un résultat de 81% à l’examen du statut de Membre du Royal College of General Practitioners.

Diffusion continentale

Grâce au partenariat noué entre Smart Africa et Babylon Health, ces services médicaux téléphoniques seront facilités dans les 25 pays membres de l’Alliance. L’expérience rwandaise pourra ainsi être répliquée à travers le continent grâce au fort taux de pénétration du mobile, afin de rendre les soins de santé plus accessibles et abordables dans les autres pays d’Afrique, limitant les effets de la pénurie de médecins et des infrastructures de santé1.

Si Babylon Health contribuera au renforcement des capacités des médecins et développeurs, de son côté, Smart Africa facilitera la coopération entre le secteur public et le secteur privé. « L’utilisation de l’intelligence artificielle dans les soins de santé révolutionne la façon dont les patients accèdent aux services médicaux via leur téléphone. De leur côté, les membres de Smart Africa pourront bénéficier de l’expertise de Babylon en matière d’intelligence artificielle pour offrir des soins de santé à tous les habitants du continent », a ainsi résumé Lacina Koné, directeur général du secrétariat de Smart Africa lors de la réunion du Conseil d’administration de l’Alliance, qui s’est tenue en marge de Transform Africa Summit.

(1) Alors que l’OMS préconise un ratio de 7 médecins et 30 lits d’hôpital pour 10 000 habitants, l’Afrique subsaharienne n’en compte respectivement qu’1 et 10.

Leave a Reply

Your email address will not be published.