AfrikaTech est allé à la rencontre d’Elisabeth Medou Badang. Présente dans le monde des télécoms depuis plus de 20 ans. Cette grande femme native du Cameroun est directrice de zone et porte-parole d’Orange Middle East & Africa. A travers cette interview nous allons en apprendre plus sur Orange Money, ses débuts, les raisons de son succès et sa vision pour l’avenir.

Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre parcours ?

Je suis Elisabeth Medou Badang, porte-parole d’Orange Middle East & Africa. Membre du comité de direction de M. Alioune Ndiaye, je couvre un certain nombre de pays dans les zones : Afrique de l’Ouest, Centrale, Australe. Précédemment j’ai été Directrice Générale d’Orange au Cameroun et au Botswana. Ayant commencé ma carrière dans le monde de la finance, j’ai rejoint le groupe Orange depuis maintenant une petite vingtaine d’années.

Quelles sont vos missions au sein d’Orange ?

Mon rôle au quotidien outre les aspects relatifs au porte-parolat qui consiste à traduire la stratégie du groupe vis-à-vis de nos parties prenantes externes, est d’aider les pays dont je m’occupe, à créer le plus de valeur possible.

Je sers d’interface pour m’assurer de mobiliser au sein du groupe toutes les compétences pour pouvoir les accompagner dans la réalisation de leurs objectifs. Je m’assure avec les supports métiers  que les intérêts du groupe sont défendus dans les filiales et que les règles de gouvernance sont appliquées du mieux possible dans ces entités là. Si je devais résumer je suis une interface entre la maison mère et les filiales. Quand je suis dans les pays je représente la maison mère quand je suis au siège je représente les filiales de ma zone.

Comment se sont passées les premières années d’Orange Money ?

Je dirais que le démarrage a été assez timide. C’est la Côte d’Ivoire qui a effectué le premier lancement. C’est avec l’arrivée de Mamadou Bamba comme CEO en Côte d’Ivoire et la conviction qu’il avait du développement, que les choses ont évolué. Il a su investir ce qu’il fallait tant au niveau énergie que financier, pour que le service puisse se développer. Il faut noter que pendant plusieurs années cette activité était plutôt un centre de coût, une forme d’investissement, afin d’éduquer le marché. Il y a eu besoin de convaincre les distributeurs, pour développer un réseau de distribution fiable, facteur clé de succès de l’adoption de ce service.

Orange Money célèbre une décennie d’innovation financière en Afrique et confirme sa position d’acteur majeur du mobile money

Quelles sont les difficultés rencontrées en général et spécifiquement dans le développement d’Orange Money ?

L’une des  difficultés principales rencontrées outre l’éducation du marché pour ce service innovant, a été la construction du réseau de distribution. En effet pour que ce service fonctionne correctement, les points de vente doivent être disponibles et avoir un fond de roulement suffisant. Car si le client fait un transfert, mais n’a pas accès à son argent, ou s’il ne peut pas approvisionner son compte cela handicape fortement l’usage du service.

La  simplicité d’usage est également un élément nécessaire pour faciliter l’adoption. Car lorsque vous avez des personnes instruites d’autres qui ne le sont pas, des personnes qui ont des smartphones d’autres qui ont des téléphones plus simples. Il faut que l’accès au service, et le parcours du client soit le plus simple possible.

Une autre problématique concerne l’identification des utilisateurs, car dans certains pays il y a des problèmes d’accès aux cartes d’identités. Dans ces pays là, il y a un enjeu de concilier le besoin de contrôler ces activités financières et la possibilité de donner accès à des personnes qui indépendamment de leur volonté n’ont pas toujours accès à une pièce d’identité formelle.

Quelle est votre plus grande fierté aujourd’hui concernant Orange Money ?

Notre plus grande fierté est l’adoption du service Orange Money par plus de 40 millions de clients. D’autant plus qu’on parle d’une innovation qui est assez sophistiquée dans un environnement peu bancarisé. Nos clients vont du jeune étudiant à la grand-mère de 75 ans, c’est quand même formidable d’imaginer que des clients de tout horizon passent comme ça d’une société 100% cash à des transactions financières complètement dématérialisées. C’est l’essence même de l’innovation que nous prônons. Une innovation qui change la vie des gens, une innovation qui facilite la vie des gens.

Nous voulons aller encore plus loin, dans notre stratégie d’opérateur multiservices. Aujourd’hui avec Orange money, nous commençons à fournir des services de microcrédit, d’épargne, demain ça sera l’assurance. Dans le futur nous donnerons sans doute une interview similaire pour célébrer le succès d’Orange Énergie.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur ce service d’Orange énergie ?

Vous connaissez le déficit énergétique dans nos sociétés. Les pourcentages d’accès sont encore plus faibles que pour l’inclusion financière. Le mobile étant la technologie la plus accessible quelque soit le niveau de vie ou la localisation des clients, l’enjeu est de savoir Comment on utilise ça pour contribuer à améliorer l’accès à l’énergie de nos clients.

Aujourd’hui nous avons lancé dans 7 pays des solutions Solar Home System qui permettent à un client d’avoir accès à l’énergie grâce à un kit solaire. Celui-ci lui permet de brancher une télé, une radio ou son téléphone et d’éclairer sa maison sans avoir à payer dès le départ le coût de cette installation. Il paye un abonnement mensuel qui lui donne accès à ces équipements et sources d’énergie. Il paie cet abonnement en utilisant Orange money par exemple.

Dans quels pays Africains Orange Money rencontre le plus de succès, pourquoi ?

Orange Money rencontre du succès dans divers pays, je vais commencer par la Côte d’ivoire qui est le pays par lequel le service s’est le plus développé ensuite nous avons le Mali et le Cameroun qui se sont bien développés, puis le Sénégal. Le service fonctionne très bien également au Burkina Faso ainsi qu’en Afrique Australe avec le Botswana.

Qu’est-ce qui vous différencie face à Western Union, MoneyGram ?

Je vous ai évoqué tous les types d’usage accessibles au client avec Orange Money. On peut transférer de l’argent effectivement localement ou à l’étranger comme le font les entreprises que vous avez citées mais on peut en plus payer son assurance, sa facture d’électricité, la scolarité de ses enfants, on peut envoyer de l’argent à l’étranger, payer des salaires. Comme vous le voyez  Il y a une multitude de services accessibles aux clients au-delà du simple transfert d’argent.

En prenant en compte uniquement le service de transfert d’argent, nous avons un réseau de distribution beaucoup plus vaste et une plus grande facilité d’utilisation. Il est vrai qu’il y a beaucoup de ces sociétés de transfert d’argent qui ont des applications aujourd’hui mais des applications qui ne fonctionne que sur smartphones connectés à Internet tandis que chez Orange Money notre solution fonctionne également sur les features phone. Le client peut accéder au service de n’importe où, sachant pouvoir compter sur un maillage  de points de ventes de proximité.

Le fulgurant développement du Mobile Money africain de plus en plus concurrencé par les banques et les fintech

Avez-vous prévu l’interopérabilité avec d’autres services de Mobile Money ?

Oui, nous avons lancé récemment en partenariat avec MTN, la société Mowali qui permet l’interopérabilité entre nos deux solutions de mobile money. Cette plateforme d’interopérabilité n’a pas vocation à être limitée simplement à Orange et MTN, elle va attirer d’autres opérateurs de mobile money, et d’autres acteurs à qui elle offre l’opportunité d’une interface unique permettant d’atteindre des clients mobile money de plusieurs pays

Quelle est votre vision pour Orange Money d’ici 5 ans, 10 ans ?

Je pense que d’ici 5 à 10 ans, si le développement du service se poursuit tel que nous envisageons, les solutions type Orange Money seront incontournables pour faciliter tout ce qui est lié au paiement. C’est aussi un levier important dans le processus de réduction du cash dans la société et permet une importante amélioration dans l’efficacité des transactions, quelque soit le type d’usagers.

Les services de mobile banking deviendront un moyen de paiement de référence dans nos économies. Je pense que ce sera également un moyen privilégié d’accéder à un certain nombre de service financiers. Ça sera un moyen d’accélérer l’adoption de services spécifiques comme les assurances mais également de développer le commerce électronique. En somme ça sera un levier indispensable et incontournable d’inclusion financière en Afrique.

Notre ambition chez Orange est d’être un opérateur multiservices partenaire de la transformation digitale et du développement de l’économie numérique du continent, le développement d’Orange money est un levier incontournable de la mise en œuvre de cette stratégie.

About The Author

CEO AfrikaTech

Comme beaucoup de personnes j’ai connu l’Afrique à travers des stéréotypes : l’Afrique est pauvre, il y a la guerre, famine… Je suis devenu entrepreneur pour briser ces clichés et participer à la construction du continent. J’ai lancé plusieurs entreprises dont Kareea (Formation et développement web), Tutorys (Plate-forme de e-learning), AfrikanFunding (Plate-forme de crowdfunding). Après un échec sur ma startup Tutorys, à cause d’une mauvaise exécution Business, un manque de réseau, pas de mentor, je suis parti 6 mois en immersion dans l’écosystème Tech au Sénégal. J’ai rencontré de nombreux entrepreneurs passionnés, talentueux et déterminés. A mon retour sur Paris je décide de raconter leur histoire en créant le média AfrikaTech. L'objectif est de soutenir les entrepreneurs qui se battent quotidiennement en Afrique en leur offrant la visibilité, les connaissances, le réseautage et les capitaux nécessaires pour réussir. L'Afrique de demain se construit aujourd'hui ensemble. Rejoignez-nous ! LinkedIn: https://www.linkedin.com/in/boubacardiallo

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