Son apparence est ordinaire, mais cette tablette peut tout bonnement sauver des vies. Testé au CHU de Yaoundé et dans le petit hôpital de Mbankomo à 25 kilomètres de la capitale camerounaise, le Cardiopad permet à toute personne, même sommairement formée, de mesurer les données physiologiques cardiaques.

Fréquence des pulsations ou encore durée des « intervalles RR » entre deux battements, ces informations sont calculées, visualisées et enregistrées par cette tablette et peuvent être simultanément transmises à distance à un cardiologue afin que celui-ci établisse un diagnostic. Cet outil, particulièrement prometteur alors que le Cameroun ne compte que 50 cardiologues pour 20 millions d’habitants, a été créé de toutes pièces par un jeune ingénieur de 27 ans, Arthur Zang. Et ce, sans moyen propre et en à peine cinq années.

C’est en 2009 que l’idée germe dans l’esprit de cet inventeur. Alors étudiant en informatique à l’école polytechnique de Yaoundé, Arthur Zang fait un stage dans le service de cardiologie du professeur Samuel Kingue. Etonné par l’utilisation, au XXIe siècle, d’électrocardiogramme papier, il propose au professeur de concevoir un logiciel utilisable sur ordinateur.

Artur Zang ne le sait pas encore, mais c’est le début de son aventure entrepreneuriale. Une aventure qui se confond d’ailleurs avec l’essor du numérique africain : entre 2010 et 2014, cet inventeur opiniâtre vautiliser tous les moyens disponibles gratuitement en ligne pour faire aboutir son projet. Pour se former à l’électronique, condition sine qua none pour adapter son système à une utilisation sur tablette, cet informaticien va suivre pendant un an et à distance les cours d’un Mooc (Massiv Open Online Course), trouvé sur le site de l’Indian Institute of technology.

Son audace paye

Pour obtenir des matériaux, l’entrepreneur soumet ensuite son idée à un concours international, le Microsoft Imagination Competition, qu’il découvre en ligne. Son projet est remarqué, il reçoit alors certains composants électroniques nécessaires à la construction de la tablette prototype. Afin de se faire financer, il fait preuve d’une autre initiative numérique : il filme son projet et le poste sur YouTube. Son audace paye. La vidéo est remarquée par le président camerounais Paul Biya « qui me remet officiellement 45 000 dollars pour poursuivre l’aventure », explique-t-il.

Son projet est aussi remarqué par les chasseurs de talents de la Fondation Rolex, qui sélectionnent Arthur Zang en 2014 pour leurs prestigieux Rolex Awards. Un prix de 50 000 francs suisses (48 000 euros) ainsi qu’un accompagnement qui va lui permettre de passer la vitesse supérieure. En novembre 2014, une dernière fois, Arthur Zang mise sur le réseau mondial pour obtenir un coup de pouce. Sous l’intitulé « Saving Africa from Heart Diseases with Cardiopad », il soumet son projet sur la plate-forme de crowdfunding Indiegogo afin de récolter des fonds pour financer la production industrielle. Le projet obtient 8 800 euros. « C’est moins qu’espéré, mais assez pour lancer le début de la production en Chine », explique-t-il.

Une centaine de tablettes viennent, au mois de mars 2015, d’être réalisées et devraient être commercialisées au prix d’environ 3 000 euros. Arthur Zang cherche encore des financements mais voit déjà plus loin. Son prochain projet ? Permettre une échographie à distance, et ce, par tablette interposée.

Lu sur http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/04/02/cardiopad-la-tablette-imaginee-pour-sauver-des-vies-1-14_4608552_3212.html

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CEO AfrikaTech

Comme beaucoup de personnes j’ai connu l’Afrique à travers des stéréotypes : l’Afrique est pauvre, il y a la guerre, famine… Je suis devenu entrepreneur pour briser ces clichés et participer à la construction du continent. J’ai lancé plusieurs entreprises dont Kareea (Formation et développement web), Tutorys (Plate-forme de e-learning), AfrikanFunding (Plate-forme de crowdfunding). Après un échec sur ma startup Tutorys, à cause d’une mauvaise exécution Business, un manque de réseau, pas de mentor, je suis parti 6 mois en immersion dans l’écosystème Tech au Sénégal. J’ai rencontré de nombreux entrepreneurs passionnés, talentueux et déterminés. A mon retour sur Paris je décide de raconter leur histoire en créant le média AfrikaTech. L'objectif est de soutenir les entrepreneurs qui se battent quotidiennement en Afrique en leur offrant la visibilité, les connaissances, le réseautage et les capitaux nécessaires pour réussir. L'Afrique de demain se construit aujourd'hui ensemble. Rejoignez-nous ! LinkedIn: https://www.linkedin.com/in/boubacardiallo

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