La Chine s’apprête à renforcer le transfert de technologie vers ses partenaires africains afin d’accélérer la diversification de leurs économies, indispensable pour un développement sain, durable et pragmatique de la coopération sino-africaine.
“Les pays africains s’efforcent tous de diversifier leurs économies en rejetant une croissance garantie uniquement par l’exportation des matières premières”, a relevé à la mi-janvier le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, à l’issue de sa visite officielle en Afrique.
La conjoncture économique en Afrique centrale est une belle illustration du constat du chef de la diplomatie chinoise. Face à la chute des prix du baril depuis fin 2014, la sous-région peine à maintenir sa croissance. Selon la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), l’année 2017 s’achève par une croissance nulle en termes réels dans la sous-région, après un taux négatif de -0,2% en 2016.
Des problèmes sociaux tels que le chômage en découlent, et “une crise économique se transforme en une crise générale”, a estimé Philippe-Blaise Essomba, directeur du département d’histoire de l’Université de Yaoundé I, au Cameroun, dans un entretien accordé à Xinhua.
“Une économie diversifiée serait la clé pour sortir de la crise, les décideurs en sont conscients”, a-t-il poursuivi. “Mais très souvent, faute de financement et de technologie, ces pays n’ont pas suffisamment de moyens pour renforcer leur résilience économique. Là, la Chine a un rôle à jouer”.
Figurant parmi les premiers partenaires financiers de l’Afrique, la Chine s’engage désormais davantage dans le transfert de savoir-faire vers ce continent émergent. “La Chine est capable de devenir un partenaire fiable et idéal pour l’Afrique dans son industrialisation et dans sa diversification économique”, a confirmé Wang Yi.
Déjà en 2013, le président chinois Xi Jinping avait évoqué l’importance de la coopération technique sino-africaine lors de sa visite en Tanzanie.
“Pour ce qui est de la coopération avec l’Afrique, nous parlons de pragmatisme […] Il vaut mieux apprendre à pêcher plutôt que de donner du poisson […]. La Chine s’apprête à renforcer le transfert de technologie et l’échange d’expérience avec l’Afrique”, a déclaré en mars 2013 M. Xi, qui avait visité trois pays africains lors de sa première visite à l’étranger après sa prise de fonctions en tant que chef de l’Etat.
Cet engagement pragmatique a porté d’abondants fruits. Lors d’une tournée médiatique portant sur les projets chinois au Cameroun, un journaliste du quotidien camerounais Mutations a fait ses propres observations : “Au moment de la visite [à la centrale de Memve’ele], deux ingénieurs camerounais reçoivent une formation afin de prendre le relais des opérations […]. Le transfert des technologies est aussi l’autre chantier important de la coopération sino-camerounaise”.
Le savoir-faire chinois, c’est non seulement la technologie avancée, mais aussi la solide expérience pragmatique en matière de développement. Ainsi, l’entreprise chinoise China Harbour Engineering Company (CHEC), chargée de la construction du tout premier port en eau profonde du Cameroun, compte créer un parc industriel près de ce port à Kribi (sud), afin que “l’industrie camerounaise s’inspire de l’expérience de la Chine en matière de développement, et que les produits ‘Made in Cameroon’ soient massivement consommés sur les marchés internationaux”, a indiqué à Xinhua le responsable sous-régional de la CHEC, Xu Huajiang.
“La Chine est une chance, un véritable aubaine pour l’Afrique […]. Avec la Chine et son partenariat gagnant-gagnant, […] l’Afrique apprendra à pêcher son propre poisson au lieu d’attendre des autres qu’ils lui en offrent des conteneurs”, a écrit dans son dernier ouvrage Etienne Tayo Demandou, expert camerounais en sciences politiques.
Leave a Reply