Pour permettre à l’Afrique de connaître un développement pérenne, rapide mais contrôlé, il est nécessaire d’intégrer la diaspora africaine, considérée comme la 6ème région du continent. Malheureusement, pour que l’intervention de cette dernière soit efficace, il est impératif que l’ensemble des diasporas africaines dispersées à travers le monde aient une vision commune des actions à mener, dont notamment la création d’entreprises.

Quelles sont les spécificités des différentes diasporas africaines ?

Le terme « diaspora » est-il une réalité ou est-il préférable de considérer qu’il existe une diaspora unique avec ses propres spécificités ? Selon Rajat Gupta, du cabinet Mc Kinsey, deux types de diasporas coexistent : d’une part, celle constituée de personnes qualifiées et d’autre part, celle ayant émigrée pour des raisons économiques et qui occupe des postes à l’étranger ne requérant pas de qualifications spécifiques.

 

À contrario, « l’élite » de la diaspora africaine évolue principalement dans des secteurs d’activité tels que les TIC, la recherche pharmaceutique ou la médecine. Pour unifier les diasporas et le continent africain, il est essentiel d’établir un état des lieux des capacités et des compétences de chacun des acteurs impliqués.

 

Pour proposer des projets communs dans leur pays d’origine, des liens de confiance doivent être établis entre les différentes parties. Les gouvernements africains se doivent de mettre en place des dispositifs favorisant la création d’entreprises par des membres de la diaspora dans leur nouveau pays d’accueil.

 

Ce type d’initiatives ne doit surtout pas être considéré comme une menace à la souveraineté de l’État. Bien au contraire, de tels projets permettraient de créer de l’emploi au niveau local.

Le poids des transferts financiers

Durant de nombreuses années, la diaspora africaine s’est principalement attachée à transférer des fonds vers leur pays d’origine. Cependant, de plus en plus de membres de la diaspora souhaitent investir dans leur pays d’origine. Pour y parvenir, ils se doivent de pouvoir intégrer les réseaux relationnels locaux.

Il est bien entendu que ces investissements en Afrique doit émaner d’une réflexion commune de la diaspora africaine pour déterminer les secteurs clés dans lesquels il est judicieux d’investir sous forme de création d’entreprises. Tant que les initiatives personnelles perdurent, il est peu probable que celles-ci puissent contribuer au réel développement de l’Afrique.

 

Malgré tout, certains gouvernements nationaux sont réticents à l’idée d’accorder à la diaspora un statut spécifique et favorable quant à la création d’entreprises. Il s’agit par exemple du cas du Bénin.

Une absence de cadre formalisé en Afrique

La création d’un projet commun de la diaspora implique de pouvoir disposer en Afrique d’un cadre formalisé lui permettant d’évaluer les risques à investir dans tel ou tel secteur ou ceux à éviter. Les deux parties prenantes (diaspora et gouvernements africains) doivent s’engager dans un dialogue constructif à propos de la manière et des conditions dans lesquelles elles peuvent collaborer, et ce, dans l’optique de mobiliser leurs capacités respectives.

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Tant qu’il n’existe aucun cadre formel permettant de garantir la sûreté des investissements dans un certain nombre de pays africains, il semble difficile voire impossible pour la diaspora africaine de mettre en place des projets de développement communs.

 

D’où l’importance de fédérer la diaspora autour de projets communs

La diaspora africaine se doit de mutualiser ses compétences et son savoir-faire afin de contribuer au développement du continent africain. Cette réalité implique la création d’une structure unifiée au niveau européen, national ou régional, par exemple. Ce type de structures permettrait de coordonner les investissements financiers, les projets culturels, etc.

 

Les nombreuses organisations de la diaspora africaine se caractérisent par une diversité de centres d’intérêts ou de formes. En effet, la typologie des acteurs de la diaspora est multiple : association ethnique, organisation professionnelle, centre d’éducation au développement, groupes artistiques, organisation virtuelle, groupes de recherche, etc.

 

L’engagement de la diaspora doit prendre en compte trois dimensions :

  •      Le développement au sein même de la diaspora
  •        Le développement par l’intermédiaire de la diaspora
  •        Le développement par la diaspora

 

Ces trois dimensions sont étroitement liées. Tant que celles-ci ne seront pas prises en compte, il semble vain de vouloir créer un projet commun initié par la diaspora africaine.

Il est vrai que depuis plus d’une dizaine d’années, de nombreuses initiatives ont vu le jour. Par exemple, aux États-Unis, l’African Federation, Inc a pris contact avec la diaspora africaine sur l’ensemble du territoire. Son objectif : mettre en place un cadre de soutien destiné au renforcement des capacités de la diaspora africaine qui souhaite contribuer au développement du continent.

 

L’association Oxfam Novib est, quant à elle, parvenue à fédérer de nombreuses organisations de la diaspora africaine ensemble. En effet, Oxfam Novib s’efforce de stimuler la création d’alliances, régionales, nationales et internationales entre ces différentes organisations afin qu’elles se regroupent ensemble autour d’un projet.

 

Cette initiative s’est soldée par la formation de nouvelles alliances telles que la Sudan Civil Society Forum qui rassemble 42 organisations soudanaises, l’ENNOS qui concerne la diaspora éthiopienne et qui est composée de 15 organisations, le Multicultural Women Peacemakers Network (18 organisations de femmes issues de la diaspora africaine de différentes nationalités mais principalement originaires de régions en situation de conflit).

 

Ces nouvelles alliances participent à des activités favorisant le développement dans leur pays d’origine (créations d’entreprises, formations pour le renforcement des capacités, transfert de compétences, etc.).

 

Par exemple, au Royaume-Uni, Gibril Faal, président d’AFFORD, la Fondation africaine pour le développement initiée par des Africains résidant au Royaume-Uni œuvre pour étendre et renforcer la contribution de la diaspora africaine au développement du continent. Il est également fondateur de RemitAid™, programme visant à obtenir une remise d’impôt pour les transferts d’argent de la diaspora vers l’Afrique. Le fonds commun  collecté permet de financer des initiatives communes à la diaspora africaine au Royaume-Uni en faveur du développement dans les pays dont les membres de cette même diaspora sont originaires.

Renforcement des capacités : élément  incontournable pour optimiser la contribution des diasporas au développement

Une amélioration du travail en réseau des différents groupes de la diaspora associée à la création de structures de soutien mutuel sont envisageables uniquement  si les organisations de la diaspora développent leurs capacités  en fonction de ce qu’ils souhaitent mettre en place et la manière d’y parvenir.

 

Les membres de la diaspora d’un pays africain doivent conjuguer leurs efforts et collaborer avec d’autres diasporas  aux niveaux national, régional et mondial.

 

Il faut donc mettre en place  des structures qui leur permettent de partager des enseignements, des ressources ainsi que des stratégies avec d’autres diasporas. L’objectif étant de mettre en place des actions concrètes et de mobiliser les ressources.

 

Malgré les différentes ressources (humaines, financières, etc.) que représente la diaspora africaine, celle-ci ne parviendra pas, de manière pérenne, unifiée et significative, à contribuer au développement de l’Afrique tant que sur le continent africain, aucun cadre formel ne soit défini, de manière unanime sur le rôle de la diaspora africaine en tant qu’acteur participant au développement de l’Afrique.

 

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CEO AfrikaTech

Comme beaucoup de personnes j’ai connu l’Afrique à travers des stéréotypes : l’Afrique est pauvre, il y a la guerre, famine… Je suis devenu entrepreneur pour briser ces clichés et participer à la construction du continent. J’ai lancé plusieurs entreprises dont Kareea (Formation et développement web), Tutorys (Plate-forme de e-learning), AfrikanFunding (Plate-forme de crowdfunding). Après un échec sur ma startup Tutorys, à cause d’une mauvaise exécution Business, un manque de réseau, pas de mentor, je suis parti 6 mois en immersion dans l’écosystème Tech au Sénégal. J’ai rencontré de nombreux entrepreneurs passionnés, talentueux et déterminés. A mon retour sur Paris je décide de raconter leur histoire en créant le média AfrikaTech. L'objectif est de soutenir les entrepreneurs qui se battent quotidiennement en Afrique en leur offrant la visibilité, les connaissances, le réseautage et les capitaux nécessaires pour réussir. L'Afrique de demain se construit aujourd'hui ensemble. Rejoignez-nous ! LinkedIn: https://www.linkedin.com/in/boubacardiallo

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