Le développement de l’Afrique est conditionné par l’accès à l’électricité.  Cet accès est malheureusement hétérogène dans le continent. En effet, L’Afrique du Nord et L’Afrique du Sud ont un taux d’accès supérieur à 75%. Cependant les pays de l’Afrique sub-saharienne (ASS) ont un taux d’accès qui ne dépasse pas 50% et pour certains même, ne dépasse pas 15%. On assiste ici, à ce qu’on appellerait « le paradoxe énergétique de l’Afrique sub-saharienne ». Car certains pays de cette région de l’Afrique bénéficient de gisements d’énergie renouvelables  et de matières premières exceptionnelles. Hydroélectricité : RDC (avec un potentiel de 180 GW), Éolien et géothermie (Kenya), solaire et biomasse (Afrique entière).

Figure 1 Accès à l’électricité en Afrique (Agence Internationale de l’énergie. 2014

 

Situation énergétique de l’Afrique sub-saharienne

 

  • Exemple de la Côte d’Ivoire

Selon l’agence internationale de l’énergie (AIE), en 2014 le taux d’électrification de la Côte d’ivoire était situé entre 15 et 50%. Aujourd’hui la  compagnie ivoirienne d’électricité (CIE) annonce un taux de 80% et ambition un taux de 100% d’ici 2025. Plusieurs populations isolées restent sans accès à l’électricité c’est pourquoi l’état ivoirien mène un projet d’électrification rurale en partenariat avec la CIE dans le but d’électrifier d’ici 2020 tous les villages de plus de 500 habitants. Cette électrification décentralisée se fera à l’aide de panneaux solaires.

 

 

  • Exemple du Cameroun

La Cameroun comme plusieurs pays d’ASS a un mauvais mix énergétique. Et cette situation ne favorise pas l’accès à l’électricité aux populations en particulier. En effet, près de 73% de la production électrique du pays est faite à l’aide de centrales hydroélectriques.  Une solution qui impose d’avoir des infrastructures de transport et de distribution importantes. De plus la période d’étiage (période pendant laquelle le débit d’un cours d’eau baisse) provoque des délestages. La production électrique du pays (y compris thermique) est de 1,3 GW. Ce qui reste très insuffisant par rapport à la demande.

Figure 2 Les centrale hydroélectriques au Cameroun (2017)

 

 

  • Exemple du Kenya

Le Kenya  est situé à l’Est du continent africain et bénéficie d’une géothermie intéressante. (voir Fig 3). Le pays dispose aussi d’un bon potentiel d’énergie renouvelable.

Figure 3 Géothermie dans le monde

La géothermie et l’éolien en passant par la biomasse pourrait améliorer la capacité  de production électrique du pays. L’utilisation de l’énergie solaire aussi, en particulier dans les zones rurales qui sont déconnectées au réseau de distribution d’électricité.

 

 

  • Exemple de la RDC

Selon de nombreuses opinions la RDC est le pays le plus riche d’Afrique, mais paradoxalement c’est l’un des pays les plus pauvres du globe. Pourtant ce pays regorge de ressources minières : cobalt (60% de la production mondiale), coltan (80% de la production mondiale), cuivre (4% de la production mondiale) on rappel qu’à cause de sa bonne résistivité électrique, le cuivre est utilisé dans la fabrication des lignes hautes tension pour le transport de l’électricité. On y trouve aussi du diamant, de l’or du zinc …etc. Enfin, le potentiel hydroélectrique du pays est phénoménale. Soit environ 180 GW soit 180 réacteurs nucléaires. Le fleuve Congo a un débit d’environ 41 000 m3/s.  Ce pays pourrait électrifier toute la région. Le projet INGA (capacité installée 11000 MW prévoit d’alimenter l’Afrique du sud (2500MW) qui a de sérieux problème énergétiques.

 

 

  • Exemple du Rwanda

Le lac Kivu, situé à l’ouest du Rwanda qui partage une frontière avec la RDC est l’un des trois lacs au monde contenant la plus grande concentration en méthane. Ce gaz constitue une menace potentielle pour les populations. Le Rwanda a décidé d’extraire ce gaz pour produire du courant électrique. L’eau est extraite à près de 300 mètres de profondeur. Le gaz est ensuite séparé  de l’eau. Le dioxyde de carbone et l’eau sont rejetés dans le lac. Le Méthane séparé est ensuite directement acheminé dans une centrale où elle est utilisée pour produire de l’électricité. 1/3 de la demande électrique du pays est supporté par cette centrale.

 

 

Quelques orientations au déficit électrique du continent

Plusieurs projets d’électrification sont initiés ça et là à travers le continent. Mais l’électrification de l’Afrique ne se fera pas sans se pencher sur ces 6 points principaux :

  • La gouvernance/le management/le leadership

Dans la majorités des cas en Afrique sub-saharienne les choix des politiques énergétiques  sont pilotés par les chefs d’État, le management par les ministres et le leadership par les chef(ffe)s d’entreprises.   Ces points sont à améliorer en Afrique sub-saharienne. La corruption s’ajoute malheureusement aux maux qui entrave la bonne gestion et les décisions sur les politiques et orientations énergétiques.

 

  • L’éducation et la formation

L’éducation des populations est en générale un facteur important pour le développement d’un pays. Une éducation forte induit un fort développement humain. Et cela améliore le développement économique du pays. Un exemple simple est l’éducation des populations sur le tri sélectifs des déchets. L’utilisation des déchets organiques (biomasse) pour la production énergétique est une solution durable pour les pays ASS. La formation des employés d’entreprises dans l’utilisation des technologies d’énergie renouvelables permettrait aux entreprises de réduire leur facture énergétique.

 

  • Le mix énergétique

Le mix énergétique est l’ensemble des solutions utilisées pour la production énergétique. Dans la majeur partie des pays ASS le mix énergétique n’est pas bon. La production d’énergie électrique est faite par des grandes centrales hydroélectriques. Il faut noter que cette production est centralisée et nécessite ainsi des infrastructures de transport convenables et entretenues . Une production décentralisée permettrait aux populations rurales de bénéficier de l’électricité.

 

  • Les réseaux électriques

En ASS les réseaux électriques lorsqu’ils ne sont pas inexistants sont très vétustes et non entretenus.  La formation du personnel chargé de l’entretien des lignes (hautes et basses tensions) doit être fait. L’amélioration de la gestion du réseau électrique doit être fait en ayant pour objectif le respect de la règle fondamentale des réseaux électrique qui est « À chaque instant, la production électrique doit être égal à la consommation ».

 

 

  • La transformation des matières premières

La transformation des matières premières est une étape importante pour le développement économique d’un pays et particulièrement la construction des lignes hautes et basses tension du réseau électrique. Une ligne de réseau électrique est constitué de cuivre ou aluminium pour la partie conduction électrique, enrobé de polyéthylène pour la partie neutre et ensuite d’une couche d’alliage d’acier  pour la résistance mécanique de la structure.

 

 

  • Le franc CFA

Plusieurs livres sont destinés à la question du FCFA (Le Franc CFA et l’euro contre l’Afrique, 28 février 2000 de Nicolas Agbohou et Grégoire Biyogo et  Le Franc Cfa, Une Monnaie Sans Base Légale De L’Uemoa Et De La Cemac 5 décembre 2016 de Lawal Adoulaye Ibrahima).

Cette monnaie a des caractéristiques qui ne permettent pas des investissements nécessaires et de plus l’arrimage à l’Euro ne permet pas une souplesse suffisante pour les exportations et importations. 15 pays d’ASS devraient sortir du FCFA pour améliorer leurs accès à l’électricité.  En effet, les pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale ont un taux de crédit respectivement de 25% et 15% du PIB (à titre de comparaison en France il est de 100% et aux USA il est supérieur à 100% PIB). De plus dans les pays FCFA 98% des crédits octroyés sont sur une durée de moins de 2 ans alors qu’on sait qu’une durée minimale de 7 ans est recommandée pour booster l’économie. Les investissement nécessaires pour les infrastructures électriques ne peuvent donc pas être faits. 

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