La centrale est-africaine a été construite en moins d’un an. Des emplois ont ainsi été créés et le pays est bien parti pour fournir de l’électricité à la moitié de la population d’ici 2017.Au cours de la première année, la centrale a produit environ 15 millions de kilowattheures, transmettant l’énergie à une station intermédiaire située à 9 km, qui a suscité des réactions mitigées dans les communautés locales. Twagirimana, qui a 32 ans, se défend : « Nos voisins disent qu’ils veulent de l’énergie qui provient directement d’ici car ils pensent qu’elle serait moins chère. Mais c’est faux. Nous la vendons à l’État qui la redistribue. Même notre bâtiment est alimenté en énergie par le réseau classique. »

Le champ solaire est relié à un serveur central à Oslo qui peut être surveillé à distance via Internet. Twagirimana estime que ce projet pourrait servir d’exemple pour tout le continent. « L’Afrique est très ensoleillée. Certains de ses habitants résident dans des endroits reculés où il n’y a pas d’électricité. L’énergie solaire est la solution pour notre continent. »

Le projet a été réalisé sur une terre qui est la propriété du village pour jeunes Agahozo-Shalom dont la mission est de prendre soin des enfants les plus vulnérables rendus orphelins avant et après le génocide. Ce bail est la première source de revenus de ce village créé il y a six ans où 512 jeunes suivent des cours et des activités extrascolaires.

Jean-Claude Nkulikiyimfura, le directeur du village, dit : « Ce projet a probablement battu tous les records : en moins d’un an, il était prêt. De nombreux visiteurs intéressés par le développement de projets sont attirés et nous gagnons en visibilité. C’est un site unique et nous sommes fiers d’en être le partenaire. »

Certains jeunes du village ont suivi une formation dans la centrale et l’un d’entre eux a travaillé dans le cadre du projet. Nkulikiyimfura, 40 ans, ajoute : « L’énergie renouvelable est la voie à suivre et nous sommes vraiment fiers de contribuer à son développement. Ce site montre ce qu’on peut faire quand le gouvernement travaille main dans la main avec le secteur privé et d’autres entités du secteur public. »

Une résidente du village, Bella Kabatesi, 18 ans, dont les parents sont morts suite à une maladie lorsqu’elle avait quatre ans, a utilisé l’énergie solaire pour alimenter une veilleuse en mémoire du fondateur du village, désormais décédé. « La grande centrale solaire va aider la population et le pays car l’électricité qu’elle fournit est moins chère que l’énergie classique », se réjouit-elle.

Le Rwanda est critiqué pour les violations des droits de l’homme, tout en étant félicité pour sa mobilisation en faveur du développement. Chaim Motzen, cofondateur et directeur général de Gigawatt Global et pionnier de l’énergie solaire en Israël, dit : « Le Rwanda dispose de 110 mégawattheures pour une population de 12 millions de personnes ; Israël a 13000 mégawattheure pour 8 millions d’habitants. Ce pays avait vraiment désespérément besoin de cette énergie.

Les conditions du Rwanda sont excellentes pour faire du business – il n’est pas corrompu – c’était un facteur déterminant. Je pense aussi que le gouvernement voulait vraiment agir rapidement. Nos partenaires sur le terrain étaient compétents. Le pays est un modèle à présent : il montre que les accords peuvent être conclus rapidement dans le domaine de l’énergie et que les projets peuvent être menés à bien. C’est un catalyseur pour de futurs projets au Rwanda et dans d’autres pays servant de source d’inspiration. »

L’énergie solaire est un élément clef de l’avenir de l’Afrique, selon Motzen. « Est-ce une solution suffisante ? Non, car le soleil ne brille pas tout le temps. Mais est-ce une partie majeure de la solution ? J’en suis convaincu. »

Yosef Abramowitz, président de Gigawatt Global, a expliqué à une délégation composée de représentants du gouvernement américain et de Bono pendant une visite du site en août : « Nous avons découplé la croissance économique de la hausse des émissions. Nous produisons 6% de la capacité du pays sans contribuer au réchauffement. Il ne faut pas choisir à Paris entre l’économie et l’environnement et ce projet en sera la preuve. Ainsi, nous pourrons sortir de l’impasse et le monde va adopter l’énergie solaire. »

Traduction: Frédéric Schneider/VoxEurop

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CEO AfrikaTech

Comme beaucoup de personnes j’ai connu l’Afrique à travers des stéréotypes : l’Afrique est pauvre, il y a la guerre, famine… Je suis devenu entrepreneur pour briser ces clichés et participer à la construction du continent. J’ai lancé plusieurs entreprises dont Kareea (Formation et développement web), Tutorys (Plate-forme de e-learning), AfrikanFunding (Plate-forme de crowdfunding). Après un échec sur ma startup Tutorys, à cause d’une mauvaise exécution Business, un manque de réseau, pas de mentor, je suis parti 6 mois en immersion dans l’écosystème Tech au Sénégal. J’ai rencontré de nombreux entrepreneurs passionnés, talentueux et déterminés. A mon retour sur Paris je décide de raconter leur histoire en créant le média AfrikaTech. L'objectif est de soutenir les entrepreneurs qui se battent quotidiennement en Afrique en leur offrant la visibilité, les connaissances, le réseautage et les capitaux nécessaires pour réussir. L'Afrique de demain se construit aujourd'hui ensemble. Rejoignez-nous ! LinkedIn: https://www.linkedin.com/in/boubacardiallo

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