En Afrique, l’entrepreneuriat féminin traditionnel est assez informel, mais plus ou moins répandu selon les régions. Il faut relever que les femmes entrepreneures se distinguaient, et se distinguent même encore aujourd’hui à travers leurs micros-activités dont les revenus permettent de subvenir aux besoins de leurs familles. Les institutions gouvernementales, non gouvernementales et même internationales ont mis sur pied, au fil des années, plusieurs initiatives avec pour objectif de maintenir la fibre entrepreneuriale féminine africaine à flot. Certaines actions ont connu un franc succès et d’autres pas. C’est ainsi que le gender gap (l’écart entre les hommes et les femmes) dans le secteur entrepreneurial se réduit peu à peu.
En 2018, le Sénégal affichait le taux d’activité entrepreneuriale féminin le plus élevé d’Afrique Subsaharienne : 36,8%. D’autre part, 62,9% des femmes entrepreneures au Sénégal s’y sont lancées plus par opportunité que par nécessité (comme c’était de coutume traditionnellement). C’est dans ce pays qu’on retrouve Anta Babacar Ngom, surnommée la reine du poulet. Elle est un exemple à suivre de près.
Le Groupe SEDIMA …
SEDIMA est une entreprise familiale spécialisée dans trois (3) domaines d’activités : l’aviculture (son cœur de métier), l’immobilier et la minoterie. L’entreprise a été créée en 1988 par Babacar Ngom (le père d’Anta). Ce dernier dit avoir commencé avec en tout et pour tout 120 poussins, un budget de 60 000 FCFA, trois (3) abreuvoirs et deux (2) mangeoires. Tout cet « attirail » était contenu dans une chambre de 4 mètres sur 4 dans une maison en construction de son père.
Avant d’être sous la direction de celle qui est la plus en vue en ce moment (Anta), SEDIMA a connu une évolution qu’il est intéressant de connaître :
- 1988 : la naissance de SEDIMA en tant que GIE (Groupement d’Intérêt Economique)
- 1992 : SEDIMA devient une SARL
- 1997 : l’évolution de SARL à Société Anonyme (SA) avec un capital de 500 millions de FCFA
- 2000 – 2003 : SEDIMA voit son capital évoluer de manière régulière
- 2013 : le capital passe à 2 milliards de FCFA
- Janvier 2016 : Anta Babacar Ngom succède à son père à la tête de l’entreprise familiale.
Anta Babacar Ngom et SEDIMA …
Anta Babacar Ngom se donne pour défi la conquête de nouveaux marchés. Ceci passe par la diversification des activités ainsi que par le rajeunissement de son personnel. SEDIMA investit 3 milliards de FCFA pour la création du plus grand couvoir de l’Afrique francophone. La capacité de production de ce dernier serait de 30 millions de poussins par an. Et ce n’est pas tout : SEDIMA a installé le plus grand abattoir d’Afrique subsaharienne. Il est totalement automatisé : abattage, plumage, nettoyage… 4 000 poulets y sont produits toutes les heures.
En droite ligne avec sa vision de diversification de produits, la charcuterie à base de poulet (bien évidemment) devient le nouveau marché à conquérir pour Anta Babacar Ngom. De plus, le personnel est non seulement jeune, mais on y retrouve aussi une touche féminine. Notons que SEDIMA est déjà présente au Mali : créer de nouvelle filiale par pays au fil des ans devient ainsi un nouvel objectif.
Anta Babacar Ngom et l’entrepreneuriat féminin …
A travers le Groupe SEDIMA, Anta Babacar Ngom acte en faveur de l’entrepreneuriat féminin de plus d’une façon. De prime abord, elle participe à des initiatives qui soutiennent l’autonomisation des femmes : associations, clubs d’investissements, etc.
Par ailleurs, ces femmes bénéficieront aussi d’un tutorat, de tout le soutien technique nécessaire. A côté de ça, cette aide leur garantirait des débouchées. C’est dans ce sens qu’est né le programme de fermes intégrées au groupe SEDIMA. C’est un programme dont l’objectif est de fournir aux entrepreneures en aviculture le nécessaire pour se lancer. SEDIMA se charge ensuite de la distribution de poulets élevés et exploités, à l’aide de leurs partenaires. Cette philosophie permet de développer les affaires de leurs partenaires, mais aussi celles du groupe SEDIMA.
Selon Anta Babacar Ngom, le développement du continent se fera au moins à 50% par des femmes entrepreneures. Il s’agit donc de soutenir cette nouvelle génération de femmes qui entreprennent non pas par nécessité, mais pour saisir des opportunités qui se présentent à elles. Toutefois, il reste continuellement nécessaire de réunir non seulement des acteurs financiers mais aussi ceux non financiers, pour assurer le déploiement et le développement optimal des différents projets dans lesquels celle qu’on surnomme communément la reine du poulet au Sénégal, s’est lancée. Anta Babacar Ngom a su jusqu’à présent tenir le navire familial à flot : que ce soit à travers la hausse de sa productivité ou alors dans l’atteinte d’objectifs fixés. Elle a su allier son combat pour la liberté entrepreneuriale féminine et l’évolution de SEDIMA.
Inspirant, n’est-ce pas ?
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