
Commerce, agroalimentaire, informatique et secteur bancaire figurent parmi les secteurs de prédilection de la subsaharienne au Maroc
Pour la première fois, une étude analyse les profils de cette tranche de population afin de sonder ses aspirations et cerner ses ambitions dans un proche avenir. Si la majorité des ressortissants subsahariens optent pour le salariat dans des secteurs comme les centres d’appel, les médias, la communication, le consulting… Beaucoup semblent aujourd’hui vouloir s’essayer à l’entrepreneuriat.
D’après les résultats de l’enquête, menée par les équipes de l’ENCG et de Hub Africa, 68% de la diaspora africaine au Maroc ont un projet de création d’entreprise dans le pays d’origine. Mais le tiers de l’échantillon (31,3%) a l’intention de rester au Maroc et de développer un projet dans son pays d’origine. A peu près le 10e de cette diaspora (11,5%) souhaite vivre au Maroc et y développer un projet.
Car contrairement aux idées reçues, le Royaume n’est plus un pays de transit. «On n’est plus dans la notion de passage. Les jeunes célibataires vont se marier, s’établir, il y aura des mariages mixtes…», souligne Zakaria Fahim, président de Hub Africa.
Les deux tiers de l’échantillon, constitué d’un millier de ressortissants africains, souhaitent créer leur entreprise à court terme (2017-2018), alors que 23,5% le feront dans les 5 prochaines années ou au-delà (4,7%). Parmi eux, des employés (41,4%), des étudiants (14,6%), des chefs d’entreprises (11,6%), des cadres du secteur privé (8,6%), mais aussi des sans-emploi (11,1%).
Ils sont originaires principalement du Sénégal (40,2%), de la RDC (21,6%), du Mali (10,6%) et de la Côte d’ivoire (11,1%). Bien évidemment, le commerce reste le plus attractif pour une bonne proportion de l’échantillon (23,8%). En effet, ils sont nombreux les subsahariens qui s’adonnent à des activités commerciales (notamment dans l’import et l’export de produits du terroir). Certes, beaucoup sont des vendeurs à la sauvette, mais ils commencent à s’organiser via de petits commerces, en louant des boutiques.

Une large tranche des enquêtés est constituée de diplômés d’études supérieures (masters, licences et doctorats )
C’est le cas par exemple du marché des sénégalais, surnommé «Little Dakar», lancé en 2012 aux abords de l’ancienne médina à Casablanca. Dans ce souk pilote, des centaines de magasins sont occupés par des commerçants subsahariens. Cette communauté y étale son savoir-faire et ses produits faits maison. Les femmes, pour leur part, optent pour le business très lucratif des produits cosmétiques et des soins de beauté. Leur spécialité? Extensions, tresses, faux ongles ou encore faux cils …
Au-delà du commerce, l’agroalimentaire, l’informatique, la banque-assurance sont aussi des secteurs attractifs pour cette communauté, selon les données de l’étude Hub Africa (voir aussi infographie). Il faut dire qu’une forte proportion de l’échantillon est composée de diplômés d’études supérieures dont des détenteurs de masters ou équivalent (plus de 21%), des licenciés (19%) voire des docteurs (3%).
La majorité d’entre eux se disent prêts à investir de 10.000 à un million de DH, voire plus pour le lancement de leur entreprise. Les modes de financement vont de l’apport

Les Sénégalais sont majoritaires dans l’échantillon de l’étude menée par Hub Africa et l’ENCG
personnel (20%), au crédit bancaire (17%) en passant par les prêts familiaux (19%) ou encore les fonds d’investissements privés (16,5%). Mais pour la majorité des sondés, l’insuffisance dans l’accompagnement des entrepreneurs est l’un des principaux freins à l’entrepreneuriat (53%), suivie par la corruption (47%) et les difficultés de financement (20%). Quant au degré d’appréciation des démarches de création des projets au Maroc, il est jugé excellent (10%), bon (35%) ou encore insatisfaisant (23%).
Selon les conclusions de l’étude, la diaspora subsaharienne a déjà identifié des projets d’investissement dans différents secteurs d’activités au Maroc et dans les pays d’origine. «Il faut faciliter les différentes procédures administratives pour cette population afin de concrétiser le plus rapidement les projets de développement», préconisent les auteurs.
Il est aussi recommandé de créer une «instance dédiée à la diaspora africaine dont le rôle est l’accompagnement de cette population en phase amont et aval pour la création et la mise en œuvre des projets». D’autres pistes sont évoquées, notamment le développement du networking avec les entrepreneurs marocains ou le financement via la mise en place de fonds d’investissements ou banques dédiées à ce type de projets
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