Eskinder Mamo, co-fondateur de Fidel

Lors de l’événément Seedstars World 2016, AfrikaTech a interviewé d’Eskinder Mamo, co-fondateur de Fidel.

Quel est votre parcours et d’où vous est venue l’idée de votre start-up ?

Mon nom est Eskinder, mon collaborateur, qui est un ingénieur informaticien, a étudié et travaillé chez Nokia en Allemagne, pays dans lequel j’ai moi-même étudié jusqu’au master. De retour au pays, nous nous sommes demandés dans quel secteur nous pourrions nous impliquer. Nous nous sommes tournés vers l’éducation, qui pour nous est très importante, à cause de son impact sur la population. Les problèmes que nous avons découvert sont la difficulté d’accès à une éducation de qualité et le manque d’interaction.

Nous avons ainsi cherché un moyen d’utiliser notre parcours en technologie pour rendre le matériel d’apprentissage non seulement facile d’accès, mais aussi amusant. C’est ainsi que nous avons créé Fidel, la première plateforme d’apprentissage mobile en Ethiopie ; qui est accessible en ligne (http://www.myfidel.com), sur téléphone mobile comme sur tablette sous forme d’application, qui, si vous la téléchargez, fonctionne hors-ligne,  car dans beaucoup de pays en développement comme l’Ethiopie, la connection est de mauvaise qualité et le coût des données est très élevé. Il est donc très important pour nous que cela fonctionne hors-ligne.

Combien êtes-vous dans votre startup ?

Sur Fidel, nous sommes deux développeurs web, un front-end et un back-end et une personne chargée des médias et communications ; mais nous avons aussi une autre startup appelée Ahadootec, spécialisée dans les applications mobile et le développement web avec quinze personnes travaillant à temps plein et cinq à temps partiel, chargées de l’administration.

Pour votre startup Fidel, quelles sont les solutions que vous proposez et quels sont vos clients ?

Fidel cible les élèves du secondaire en Ethiopie. Nous espérons passer à d’autres pays africains. La solution que nous proposons est que ceux-ci soient en mesure d’accéder aux matériels d’apprentissage par n’importe quel appareil, que ce soit des ordinateurs dans leurs établissements ou des cybercafés, des téléphones portables ou des tablettes.

Même hors-ligne ?

Même hors-ligne, afin qu’ils se préparent bien pour leurs examens, qu’ils aient de bons résultats, et de façon ultime, qu’ils deviennent des gens plus qualifiés avec de meilleurs perspectives d’avenir.

Quand vous parlez de préparation d’examens, pensez-vous à des quizz, des tests, des vidéos ?

Sur le web et le mobile, vous avez des quizz, des leçons et des astuces, ce qui rend l’ensemble ludique. Fidel permet aux utilisateurs de comparer leurs points, et il est aussi possible d’interagir avec d’autres utilisateurs via des fonctions de messagerie. Pour les tablettes, nous avons aussi incorporé des vidéos car le stockage et la taille de l’écran sont plus grands.

Comment se porte le marché de l’éducation en Ethiopie ? Qui sont vos concurrents ?

Le marché est très grand : nous avons plus de vingt-cinq millions d’élèves de la maternelle au secondaire, plus de trente-cinq milles écoles à travers le pays, alors qu’il y a à peine vingt ans, nous n’avions que 2,5 millions d’élèves. Vous pouvez donc imaginer l’énorme croissance. Le marché est immense, avec beaucoup de défis, et avec beaucoup d’opportunités en même temps.
Pour ce qui est de la concurrence, il existe d’autres solutions, mais elles ne sont focalisées que sur le web, et portent principalement sur les questions d’examen. Bien sûr, d’autre pays africains plus avancés comme le Kenya, le Nigeria et l’Afrique du Sud proposent des alternatives.

Comptez-vous atteindre ces marchés ou êtes-vous focalisés sur l’Ethiopie ?

En ce moment nous sommes focalisés sur l’Ethiopie, mais nous comptons aussi nous installer dans d’autres pays. Nous proposons d’offrir une plateforme technique sur laquelle les pays en question pourront déposer un contenu local. Ce n’est pas non plus limité aux écoles. Fidel peut aussi servir aux centres de formations gouvernementaux.

Quelles sont les prochaines grandes étapes pour votre startup ?

Une des plus grandes est de passer à la version 2.0 qui possède plus « d’apprentissage adaptatif ».

Que voulez-vous dire par « apprentissage adaptatif » ? 

Un système qui comprend votre niveau et vous propose des questions qui y correspondent, en plus d’être plus interactif, car il créera l’interaction entre les apprenants les plus performants et des enseignants, ces derniers pouvant ainsi faire fonction de tuteurs.

Comment interagissent-ils ? Par audio, par vidéo, par chat ?

Ce sera par chat, car le coût des données recommandent d’éviter l’audio et la vidéo.

De quoi avez-vous besoin, et comment “Seedstars World” peut vous aider ?

En ce moment, nous recherchons des fournisseurs de contenu aptes à collaborer avec nous. Nous essayons aussi de lancer un pilote sur tablette, et nous avons trouvé un assembleur de tablettes. Un investissement  de ce style pourrait nous offrir de bonnes opportunités. À ce jour, nous avons eu l’occasion de rencontrer des mentors, des investisseurs et des entrepreneurs géniaux du monde entier, ce qui nous a immensément aidé à développer un réseau, de la connaissance et, espérons-le, des investissements à l’avenir.

Quels sont les plus gros défis que vous rencontrez maintenant avec votre startup ?

Les infrastructures dans notre pays. Internet n’est pas fiable (à cause des coupures d’électricité).

J’ai entendu dire qu’il n’y a qu’une seul opérateur télécom en Ethiopie…

Oui il n’y en a qu’une seule, mais elle essaye d’améliorer les choses : récemment, elle a  réduit le coût des données mobiles, mais il y a encore du chemin à faire. Bien sûr,il faut aussi trouver des développeurs talentueux : nous en avons mais il nous faut plus d’effectifs.

Que pensez-vous des développeurs des pays voisins comme le Kenya, qui je pense, ont de bons développeurs ?

C’est une très bonne idée que nous n’avons pas encore essayée, mais une incorporation à un niveau régional, voire continental, sont des choses qui doivent définitivement arriver. Bien que nous ne l’ayons encore explorée, ce serait tout de même une très bonne idée.

Y a-t-il autre chose que vous souhaiteriez ajouter ?

Vous avez mentionné au départ que l’une des cibles serait la diaspora, et nous autres co-fondateurs avons vécu en Europe pendant plusieurs années.

En Allemagne ?

Oui, et c’est vraiment génial ! Nous conseillons à tout le monde de revenir dans son pays d’origine, de voir les choses avec ouverture d’esprit et de ne pas seulement voir les difficultés et les défis mais aussi les opportunités. Selon moi, certaines des plus grosses opportunités sont dans des pays africains plutôt qu’en Europe ou aux Etats-Unis. C’est juste une question d’ouverture d’esprit : bien sûr qu’il y a plus de défis, mais plus il y a de défis, plus il y a de possibilités. Ce serait mon conseil pour eux : ne pas seulement voir, dans le fait de revenir au bercail, des vacances, mais aussi des opportunités.

Donc plus grand est le défi, plus grande est l’opportunité ?

Absolument.

 

About The Author

CEO AfrikaTech

Comme beaucoup de personnes j’ai connu l’Afrique à travers des stéréotypes : l’Afrique est pauvre, il y a la guerre, famine… Je suis devenu entrepreneur pour briser ces clichés et participer à la construction du continent. J’ai lancé plusieurs entreprises dont Kareea (Formation et développement web), Tutorys (Plate-forme de e-learning), AfrikanFunding (Plate-forme de crowdfunding). Après un échec sur ma startup Tutorys, à cause d’une mauvaise exécution Business, un manque de réseau, pas de mentor, je suis parti 6 mois en immersion dans l’écosystème Tech au Sénégal. J’ai rencontré de nombreux entrepreneurs passionnés, talentueux et déterminés. A mon retour sur Paris je décide de raconter leur histoire en créant le média AfrikaTech. L'objectif est de soutenir les entrepreneurs qui se battent quotidiennement en Afrique en leur offrant la visibilité, les connaissances, le réseautage et les capitaux nécessaires pour réussir. L'Afrique de demain se construit aujourd'hui ensemble. Rejoignez-nous ! LinkedIn: https://www.linkedin.com/in/boubacardiallo

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