L’ancien directeur de l’Agence française de développement, Jean-Michel Severino et le spécialiste de la microfinance, Jérémy Hadjenberg, publient “Entreprenante Afrique” (Odile Jacob), un livre dans lequel ils défendent avec force l’attractivité économique du continent.
C’est un livre plein d’espoirs qui décrit “l’aventure entrepreneuriale” des PME et des start-up africaines. L’ancien directeur de l’Agence française de développement, Jean-Michel Severino, aujourd’hui gérant d’Investisseurs et Partenaires, un fonds consacré aux PME en Afrique et le spécialiste de la microfinance, Jérémy Hadjenberg, viennent de publier “Entreprenante Afrique” (Odile Jacob), un livre dans lequel ils défendent avec force l’attractivité économique du continent. Pour les deux auteurs: l’Afrique dont le PIB (+611% depuis 2010) se rapprochera de celui de l’Union européenne en 2050, et dont la population dépassera les deux milliards d’habitants, sera bien le continent de demain. “L’aventure entrepreneuriale que connaît l’Afrique ne parle pas qu’à elle-même. Elle parle au monde, à l’Europe et à la France”, écrivent-ils. Cette croissance africaine devrait d’ailleurs selon eux permettre à la France de créer sur son territoire 830.000 emplois d’ici 2030.
Jean-Michel Severino et Jérémy Hadjenberg racontent une histoire économique et sociale africaine oubliée, celle des TPE, des start-up et des petites exploitations agricoles plutôt que celle des grandes entreprises internationales dont beaucoup s’appuient sur “une rente minière, pétrolière, amenée à disparaître”. “Il y a trente ans, la figure du patron africain de PME existait à peine, indiquent les auteurs. (…). C’est depuis les années quatre-vingts qu’on a vu apparaître progressivement, et en un mouvement exponentiel, une classe de jeunes cadres (…) optant pour l’entrepreneuriat formel et structuré, donnant naissance à un premier tissu de PME”. Selon eux, ces PME représentent aussi une part significative de l’emploi sur le continent. “Les entreprises employant moins de 250 personnes représentent environ 20% des emplois en Afrique du Sud, au Burundi et au Cameroun, entre 30% et 40% en Côte d’Ivoire, au Kenya, au Malawi et en Tanzanie”.
Le boom de l’agroalimentaire et des télécoms
Les auteurs brossent aussi le portrait de plusieurs entrepreneurs africains. Ils rappellent par exemple la success story du Nigérian Aliko Dangote, l’homme le plus riche d’Afrique qui a fait fortune dans le BTP, sans toucher au pétrole. Et racontent les destins variés d’entrepreneurs tanzaniens ou ivoiriens ayant réussi dans le photovoltaïque ou l’agroalimentaire. Ce dernier secteur est d’ailleurs l’un des plus attractifs du continent. “Chez les entrepreneurs privés, il semble y avoir eu une prise de conscience que l’agroalimentaire représente aujourd’hui une immense opportunité, qui tient en une réalité toute simple: l’Afrique subsaharienne a faim, c’est terrifiant, mais du point de vue des entrepreneurs africains, c’est tout un continent à servir, donc une opportunité”, écrivent Jean-Michel Severino et Jérémy Hadjenberg. Selon la Banque mondiale, l’agriculture et l’agrobusiness représenteront pour l’Afrique subsaharienne une industrie de 1.000 milliards de dollars en 2030, contre 313 milliards en 2010.
D’autres secteurs en plein boom comme les télécoms sont aussi dans le viseur des auteurs. “On peut dire que l’Afrique a sauté une étape technologique en passant directement de la non-connexion à la connexion mobile, dont le taux de pénétration a connu la croissance la plus rapide du monde: quasiment nul en 2000, il atteignait 12% en 2005, 38% en 2009, 70% en 2014. En 2016, le taux de pénétration sera sans doute proche de 75%, si bien que l’Afrique sera le deuxième plus gros marché au monde pour la téléphonie mobile juste derrière l’Asie”. La classe moyenne africaine qui devrait passer de 370 millions de personnes en 2015 à 462 millions en 2060 est aussi au cœur de l’essai. “Le vivier de fondateurs de PME, c’est bel et bien la classe moyenne” insistent les auteurs.
L’essai pointe également du doigt certains maux du continent africain. Notamment s’agissant de réglementations pas assez pro-business. “Les tentatives africaines existent, mais sont peu nombreuses et limitées dans leur spectre renvoyant à la faiblesse de l’intérêt historique réel des pouvoirs africains pour le sujet de la petite entreprise, au-delà de discours évidemment toujours positifs” concluent Jean-Michel Severino et Jérémy Hadjenberg.
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