ENTRETIEN. Initiateur de Yewou, Massata Niang a choisi l’innovation pour faire la différence et bouleverser bien des destins d’Africains.

ewou fait partie des jeunes pousses avec lesquelles le site Le Point Afrique a déjà eu un contact. En 2015, Yewou avait participé au prix de la Jeune Entreprise africaine. Son objectif : mettre en rapport porteurs de projet et donateurs par le financement participatif ou « crowdfunding ». Elle se positionnait ainsi comme un acteur pour résoudre le problème crucial de l’accès au financement pour les jeunes entreprises africaines à l’attention desquelles Richard Attias, fondateur et organisateur du New York Forum Africa, et Le Point, dont le site Le Point Afrique est consacré au continent africain, se sont associés en 2015 pour lancer le prix de la Jeune Entreprise africaine. Une dotation de 100 000 euros, attribuée par la fondation New York Forum Institute, avait ainsi été répartie entre quatre lauréats, primés lors du New York Forum Africa, tenu à Libreville, au Gabon, du 29 au 31 août 2015. L’entrepreneuriat social et l’innovation avaient été mis à l’honneur. Innovation technologique pour la lauréate, GiftedMom (50 000 euros), et le 3e prix (10 000 euros), la Nigérienne Tech-Innov ; énergétique pour le 2e prix (30 000 euros), la Kényane GreenWize Energy, ainsi que pour le « coup de cœur du jury » (10 000 euros), l’Ougandaise Appropriate Energy Saving Technologies (AEST).

Un an plus tard, en 2016, Yewou a fait son petit bout de chemin. Son fondateur Massata Niang, expert dans les questions digitales, s’est confié au Point Afrique.

Le Point Afrique : Yewou avait participé au concours de la jeune entreprise africaine organisée par Le Point Afrique ? Il semble que le projet a depuis évolué. Où en êtes-vous ?

Massata Niang : Nous préparons actuellement le lancement officiel de nos activités au niveau international après près de trois ans de recherche et développement. Cette période nous a permis de développer deux produits : une plateforme pour gérer les activités de « banque » digitale et une application mobile de transfert d’argent vers l’Afrique. Cela nous a poussés également à passer au deuxième niveau de notre plan stratégique qui est celui d’être la première banque digitale en direction des diasporas.

Pourquoi ce changement de trajectoire ? Vous passez d’une plateforme de financement d’entreprises à une banque digitale en direction des diasporas ?

En fait, ce n’est pas vraiment un changement de trajectoire, mais plus une volonté de proposer un service plus global afin de résoudre deux problèmes cruciaux que rencontrent généralement les diasporas au sens large, et africaines en particulier : le transfert d’argent et l’investissement. Comme je vous l’expliquais, notre objectif est d’aider au financement des entreprises africaines, en particulier les start-up. D’un autre côté aussi, il faut savoir que les diasporas africaines envoient plus d’une centaine de milliards de dollars par an vers leur pays d’origine. Ces flux d’argent sont même plus importants que l’aide au développement ou l’investissement direct étranger dans la majorité des pays. Donc, nous nous sommes simplement dit pourquoi ne pas faire en sorte que ces flux d’argent participent, encore plus, au développement des pays d’origine. En d’autres termes, l’argent des diasporas, au lieu de simplement servir à subvenir à des besoins primaires, va également, via Yewou Digital Banking, contribuer au financement des projets, à construire des infrastructures, générer des emplois, etc. Vous n’imaginez même pas toutes les possibilités.

 ©  Yewou
La composition de l’équipe de Yewou en dit long sur la vision d’une Afrique ouverte sur le monde. © Yewou

Avez-vous identifié des concurrents sur ce marché qui aient cette proposition de valeur orientée vers les diasporas ?

En termes de positionnement pur, nous sommes les seuls à proposer un tel écosystème avec une envergure internationale. D’ailleurs, la campagne de lancement, Africa Billion Markets Tour, est destinée à asseoir la stratégie de marque que nous voulons construire de faire de Yewou la marque panafricaine à dimension internationale. Le mot Yewou, qui signifie réveil en wolof, une langue autochtone majoritairement parlée au Sénégal, est déjà évocateur. On veut s’adresser à l’Afrique et au monde entier.

J’aimerais aussi préciser que, sur un autre volet touchant différents secteurs comme le transfert d’argent, le marché est très hétérogène. Ce qui ne facilite pas justement le choix des diasporas qui sont en plus confrontées à des écarts de tarifs incompréhensibles, sans parler de la qualité du service rendu. Avec Yewou Digital Banking, les diasporas africaines pourront via une plateforme web et une application mobile avoir accès à des services qui collent à leurs besoins.

 ©  Yewou
© Yewou

Pourquoi parler de Digital Banking, et pas simplement d’une banque dédiée aux diasporas ?

D’abord, le digital est notre ADN. Via Yewou Digital Banking, notre ambition est de redéfinir le modèle bancaire en Afrique (« Reshaping Africa’s Banking Model ») via trois leviers : la technologie, les services et l’expérience client. Nous mettons le client au centre de tout. Cela passe par une transparence contre l’opacité, à une simplicité et à une fluidité d’utilisation contre la complexité, à un nouveau modèle économique porté sur la valeur et la satisfaction du client contre des coûts exorbitants et un service client souvent inexistant.

Ensuite, nous sommes une banque sans l’être vraiment, car nous avons plus une orientation fintech, c’est-à-dire que nous nous appuyons sur la technologie pour construire des services financiers innovants. De facto, nous avons plus vocation à devenir le partenaire des banques que leur concurrent.

Enfin, nous proposons des services à nos clients via notre écosystème. Concrètement, l’application mobile que nous sommes en train de développer va permettre, par exemple, aux diasporas d’accéder aux offres d’acteurs de l’immobilier dans certains pays en Afrique. En d’autres termes, nous sommes des intermédiaires entre les besoins des diasporas et d’acteurs que nous sélectionnons via un cahier des charges strict et rigoureux au standard européen. L’immobilier est juste un exemple, nous allons également intégrer d’autres types de services.

Où en êtes-vous aujourd’hui et quelles sont vos prochaines échéances ?

Vous savez, nous ne communiquons pas sur nos activités pour des raisons évidentes de confidentialité. Tout ce que je peux vous dire, c’est que les trois ans de R&D étaient plus dédiés à concevoir les briques qui vont constituer la plateforme technique et travailler sur le design. J’en profite pour féliciter toute l’équipe pour sa patience et son dévouement. Et dernièrement, nous avons commencé à développer une application mobile très innovante pour vraiment permettre à nos futurs clients de bénéficier de l’expérience web et mobile la plus immersive et complète possible en même temps que d’être simple et efficace. Pour construire une infrastructure propriétaire aussi innovante, il est primordial de prendre le temps et d’avoir les compétences nécessaires pour le faire. Nous n’avons pas l’obsession d’être les premiers, mais surtout de travailler dur pour que Yewou Digital Banking propose le meilleur aux futurs clients, en tout point. De plus, si nous n’avions pas cette orientation « data driven » ou basée sur le recueil et l’analyse des données, nous n’aurions pas pu valider la pertinence de ce nouveau modèle économique que nous proposons.

En quoi cette application mobile est-elle innovante ?

Par les technologies et les services que nous y avons incorporés. Ce qui fera de nous l’acteur le plus compétitif sur le marché des transferts au niveau des tarifs, mais bien au-delà. D’ailleurs, sa publicité n’est pas encore officielle du fait de l’étude que l’équipe est en train de faire pour identifier les éléments de l’architecture qui peuvent être brevetés. Une fois ces éléments définis, un plan de communication est déjà sur les tablettes pour la faire connaître et je suis très confiant de son succès. Sur ce que je peux en dire, c’est qu’elle ne se limitera pas uniquement au simple fait d’envoyer de l’argent, mais bien plus encore : via une interface toute simple, elle permettra d’investir sur des produits à fort rendement et de faire des dons à des entrepreneurs pour les aider à développer leur projet. Nous proposons ainsi un nouveau paradigme.

Et vos prochaines échéances ?

Elles sont très simples, conquérir le monde (sourire).

 ©  Yewou
L’ambition mondiale de Yewou est de suivre les diasporas africaines où qu’elles soient à travers le monde. © Yewou

Plus d’informations : contact@yewou.com

Soutenir le projet : donate@yewou.com

About The Author

CEO AfrikaTech

Comme beaucoup de personnes j’ai connu l’Afrique à travers des stéréotypes : l’Afrique est pauvre, il y a la guerre, famine… Je suis devenu entrepreneur pour briser ces clichés et participer à la construction du continent. J’ai lancé plusieurs entreprises dont Kareea (Formation et développement web), Tutorys (Plate-forme de e-learning), AfrikanFunding (Plate-forme de crowdfunding). Après un échec sur ma startup Tutorys, à cause d’une mauvaise exécution Business, un manque de réseau, pas de mentor, je suis parti 6 mois en immersion dans l’écosystème Tech au Sénégal. J’ai rencontré de nombreux entrepreneurs passionnés, talentueux et déterminés. A mon retour sur Paris je décide de raconter leur histoire en créant le média AfrikaTech. L'objectif est de soutenir les entrepreneurs qui se battent quotidiennement en Afrique en leur offrant la visibilité, les connaissances, le réseautage et les capitaux nécessaires pour réussir. L'Afrique de demain se construit aujourd'hui ensemble. Rejoignez-nous ! LinkedIn: https://www.linkedin.com/in/boubacardiallo

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