L’Afrique est un continent à fort potentiel. Que ce soit sur le plan humain ou économique, les possibilités semblent infinies, tant ce qu’il y a à faire est important. L’éclosion de ce potentiel passe par plusieurs « révolutions », dont l’industrialisation. Cependant, celle-ci ne peut se faire à « 360 degrés », tous secteurs en simultané. Il faudrait donner priorité à certains secteurs. Après l’agro-alimentaire, explorons le secteur pharmaceutique en Afrique, qui participe de l’amélioration / du maintien de la qualité de vie de l’Homme.

Industrialiser le secteur pharmaceutique

La demande en produits pharmaceutiques se fait de plus en plus croissante et l’Afrique semble ne pas être à même de profiter ou de stimuler l’expansion de ce secteur, afin de répondre à ladite demande.

Etat des lieux

L’industrie pharmaceutique en Afrique demeure à un état embryonnaire. Seulement 3 % de la production mondiale de médicaments est issue du continent africain. Celle-ci provient principalement de quelques « hubs » ou « pharmerging ». La production mondiale médicaments souffre donc d’une grande disparité.

 

Au sein même du continent, un « clivage » est observable. Alors que des pays comme l’Afrique du Sud ou le Maroc arrivent à satisfaire entre 70 % et 80 % de leurs propres besoins pharmaceutiques, l’Afrique centrale quant à elle semble bien peiner. Près de 99 % des médicaments qui y circulent sont importés de l’étranger, notamment d’Asie. Ce qui n’est pas sans poser plusieurs problèmes :

 

  •         les coûts élevés liés au transport font irrémédiablement augmenter le prix final des médicaments ;
  •         l’approvisionnement des  stocks est tributaire des délais de livraison parfois très longs
  •         le risque de voir se développer, sur les marchés locaux, des produits contrefaits ou de moindre qualité augmente.

La qualité des médicaments en question

La question de la qualité des médicaments est un enjeu vital. La mise en place de filières parallèles, bien aidée par la fragmentation des chaînes de distribution, et la prolifération de médicaments contrefaits, de moindre qualité, voire totalement inefficaces, sont un véritable fléau.

 

Dans certains pays d’Afrique, il semble en effet très compliqué pour les producteurs locaux de mettre en place les bonnes pratiques de fabrication (BPF), garantissant la qualité de la production.

 

Industrialiser ce secteur permettrait la mise à disposition de produits de santé en adéquation avec les besoins des populations, à des prix abordables et en nombre suffisant, avec la garantie d’un haut niveau de qualité et d’efficacité, qui pourrait, dans le même sillage et de manière naturelle, être soutenue par des réseaux de distribution efficaces.

Des actions concertées pour impulser le mouvement ?

Une des réponses à l’accessibilité du médicament sur le continent africain est le développement de capacités de production à l’échelle régionale. Au-delà de la production de médicaments, Il semble essentiel qu’une synergie s’opère entre acteurs privés, institutions financières de développement et autorités publiques.

Les institutions financières de développement devraient accompagner une montée en gamme des normes de qualité appliquées par les producteurs africains, notamment via de l’assistance technique.

Améliorer les chaînes d’approvisionnement

Agir sur les chaînes d’approvisionnement et de distribution de médicaments réduirait le trop grand nombre d’intermédiaires, du « grossiste répartiteur » à l’officine.

 

De plus, chaque intermédiaire ajoute sa marge, qui peut représenter jusqu’à 50% du prix payé par le consommateur au Kenya et jusqu’à 90% du prix dans des pays moins avancés et enclavés, contre 2% à 24% pour les pays de l’OCDE.

 

Cela fait des médicaments vendus en Afrique subsaharienne les médicaments les plus chers au monde. De plus, une chaîne logistique très fragmentée est incontestablement un facteur aggravant de la contrefaçon des médicaments. Près de 42% des signalements de faux médicaments reçus par l’OMS depuis 2013 viendraient de l’Afrique.

 

L’appui des institutions citées plus haut, au bénéfice des acteurs publics et privés du système pharmaceutique africain semble donc indispensable pour changer la donne et consolider la chaîne d’approvisionnement pharmaceutique.

L’appui de l’investissement privé

L’investissement privé a également un rôle à jouer. LeapFrog Investments a investi dans la société Goodlife Pharmacy, une chaîne de pharmacie de détail qui touche aujourd’hui plus de 600 000 consommateurs, sur plus de 20 sites en Afrique de l’Est. Les capitaux apportés à Goodlife par LeapFrog vont permettre à la chaîne de déployer, dans les années à venir une ambitieuse stratégie d’expansion au Kenya et au-delà, qui devrait contribuer à faire émerger un acteur important du secteur pharmaceutique en Afrique, hors des réseaux habituels constitués de centaines de petits distributeurs.

 

L’industrialisation du secteur pharmaceutique en Afrique passerait donc par un appui conséquent d’investisseurs nationaux et internationaux, publics et privés. Le secteur pourrait donc bénéficier d’investissements ciblés, permettant une bonne maîtrise des stocks et la mise en place d’un système de traçabilité afin de garantir la qualité des produits vendus au patient, préalable indispensable.

 

[Vidéo Mountaga Keita https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=1120367071480385&id=230149067168861]

 

À l’avenir, l’utilisation de solutions technologiques innovantes pourrait également faire évoluer le business model du secteur et identifier les leaders du marché. En Afrique subsaharienne, ceux qui sauront reconnaître le potentiel du marché et agiront rapidement ne se contenteront pas d’en tirer des bénéfices financiers : ils contribueront aussi à sauver des millions de vies.

 

D’ici-là, les africains font simplement usage de contre-mesures pour combattre les médicaments contrefaits, comme le fait notamment la startup MPedigree au Ghana, qui a déjà référencé plus de 500 millions de boîtes de médicaments. MPedigree permet de savoir si un médicament est vrai ou faux, simplement via l’envoi du code d’identification dudit médicament par sms.

 

Lire aussi : https://www.afrikatech.com/fr/entreprendre/afrique-industrie-liberer-le-potentiel-des-entrepreneurs/

Autre article : https://www.agenceecofin.com/sante/1701-53556-secteur-prive-et-industrie-pharmaceutique-en-afrique-le-defi-de-lacces-a-des-medicaments-de-qualite

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CEO AfrikaTech

Comme beaucoup de personnes j’ai connu l’Afrique à travers des stéréotypes : l’Afrique est pauvre, il y a la guerre, famine… Je suis devenu entrepreneur pour briser ces clichés et participer à la construction du continent. J’ai lancé plusieurs entreprises dont Kareea (Formation et développement web), Tutorys (Plate-forme de e-learning), AfrikanFunding (Plate-forme de crowdfunding). Après un échec sur ma startup Tutorys, à cause d’une mauvaise exécution Business, un manque de réseau, pas de mentor, je suis parti 6 mois en immersion dans l’écosystème Tech au Sénégal. J’ai rencontré de nombreux entrepreneurs passionnés, talentueux et déterminés. A mon retour sur Paris je décide de raconter leur histoire en créant le média AfrikaTech. L'objectif est de soutenir les entrepreneurs qui se battent quotidiennement en Afrique en leur offrant la visibilité, les connaissances, le réseautage et les capitaux nécessaires pour réussir. L'Afrique de demain se construit aujourd'hui ensemble. Rejoignez-nous ! LinkedIn: https://www.linkedin.com/in/boubacardiallo

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