Sept entrepreneurs d’origine malienne ont déjà été financés par le programme Diaspora Entrepreneurship, créé au Mali en 2016. Pour sa troisième édition, l’appel à candidature, réalisé en partenariat notamment avec la Banque mondiale, s’étend à la sous-région, incluant la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Burkina Faso.

La programme Diaspora Entrepreneurship va lancer son troisième appel à candidature le 22 décembre prochain. Un événement sera organisé la veille, à cet effet, dans les locaux de l’incubateur Résonances Nord-Sud, à Montreuil, en région parisienne. Cette initiative, créée par le Malien Papa Oumar Wane, fondateur et directeur général de Diaspora Sud Vision (DSV), a pour but d’accompagner et de financer des jeunes entrepreneurs issus de la diaspora africaine, établis en France et désireux de rentrer dans leur pays d’origine pour y développer leur projet.

Depuis son lancement en 2016, sept jeunes entrepreneurs d’origine malienne ont été financés par Diaspora Entrepreneurship. Pour cela, DSV a réalisé en 2017 une première levée de fonds de 500 millions de francs CFA (762 000 euros), auprès de la Banque internationale du Mali (BIM-SA, Groupe Attijariwafa bank). La deuxième, de 187 millions de francs CFA, est en cours de discussion. L’Agence nationale pour la promotion de l’emplois des jeunes au Mali s’en porte garante à hauteur de 80 %.

Pour la première fois, l’appel à candidature est élargi aux candidats de la sous-région, originaires du Burkina Faso, de Côte d’Ivoire et du Sénégal. Quatre lauréats, un par pays, seront désignés à l’issue du processus de sélection. Papa Oumar Wane s’est confié à Jeune Afrique sur ses motivations et les tenants et aboutissants de son programme. Interview.

Jeune Afrique : Comment êtes-vous devenu entrepreneur ?

Papa Oumar Wane : Il y a dix ans, j’ai fondé avec mon associé Baba Diarra, Fanaday Entertainment, une société spécialisée dans le divertissement à la télévision. Ensemble, nous avons lancé plusieurs émissions de téléréalité : Casa Sanga, la Star Academy version ouest-africaine, en 2007, Casa Saramaya (« C’est moi la plus belle ») deux ans plus tard, puis Casa Yelebougou (« Case du rire ») sur le modèle du Jamel Comedy Club, en 2011 et enfin, Case des métiers, diffusée sur la chaîne privée Africable et l’ORTM, la télévision publique malienne.

C’est Baba Diarra qui m’a ramené au Mali, convaincu des opportunités à y saisir dans ce secteur. À Paris, nos bureaux se faisaient face : je travaillais chez Bouygues, au back-office, lui était chef d’équipe dans un restaurant Hippopotamus. Nous sommes rentrés à Bamako en 2007, par le même vol Air France, avec 45 euros en poche ! L’opérateur de téléphonie mobile Sotelma Malitel est le premier sponsor à nous avoir fait confiance.

Qu’est-ce qui vous a poussé à fonder Diaspora Entrepreneurship ?

En 2016, j’ai décidé de quitter le showbiz – cette vie ne me convenait plus – et de me tourner versl’entrepreneuriat des jeunes. Quand j’étais de passage à Paris, ceux qui me connaissaient par la télévision, me demandaient souvent : « Comment vous avez fait pour lancer votre projet au Mali ? », « Est-ce que vous pouvez nous aider car nous ne connaissons pas bien le Mali ? », « Nous avons acquis des compétences et nous ne voulons pas rester en Europe ».

Il n’y a pas de cadre dédié pour attirer les jeunes entrepreneurs de la diaspora africaine dans leur pays d’origine. Moi-même, j’en suis issu et à mon retour au Mali, j’ai été confronté à des difficultés liées au financement, aux démarches administratives et l’époque, il n’y avait pas d’incubateur ! Je connaissais l’ex-directeur général de la BIM-SA, Hassen Oustani qui a trouvé le projet excellent et m’a apporté son soutien. Restait plus qu’à mettre au point notre modèle économique.

Quels sont les objectifs du programme ?

Notre objectif est d’offrir une solution innovante d’accompagnement aux porteurs de projet en les encadrant avec des professionnels expérimentés qui connaissent le terrain et partagent leur réseau. Nous apportons aux lauréats une garantie de financement via nos partenaires, la BIM-SA et l’APEJ au Mali. Nous souhaitons répliquer ce modèle aux autres pays de la sous-région.

Que vont remporter les lauréats de la troisième édition ?

Nous nous engageons à financer leur projet jusqu’à 150 millions de francs CFA selon leurs besoins. Une fois sélectionnés, les lauréats seront intégrés à un incubateur local. Par exemple, DoniLab, Jokkolabs ou Teteliso à Bamako ou Incub’Ivoir à Abidjan, partenaires du programme.

Quel profil d’entrepreneur recherchez-vous ?

Ils doivent avoir la volonté de s’installer définitivement dans leur pays d’origine et non de déléguer la conduite de leur projet sur place à un tiers depuis la France. La limite d’âge pour participer à l’appel à candidature est de 40 ans. Cette année, nous voulons mettre les femmes à l’honneur. Elles sont encore trop peu nombreuses à participer, même si c’est une femme, Aissata Diakité, fondatrice de Zabbaan Holding, [commercialisation de jus de fruits locaux], qui a remporté la première édition.

Les projets entrepreneuriaux doivent avoir quel niveau de maturité pour se présenter à l’appel à candidature ?

Il faut avoir un prototype ou une solution à proposer. Nous n’acceptons pas les projets qui n’en sont qu’au stade de l’idée.

Sur quels critères vous évaluez les porteurs de projet ?

D’abord, sur leurs compétences et leur connaissance du projet (concept, étude de marché, fournisseurs), sur leur proposition de valeur – à quel besoin du marché ils répondent ? – l’innovation apportée, l’impact social et environnemental du projet et enfin, la qualité de leur business plan.

Comment va se dérouler la sélection des candidats ?

Les porteurs de projet peuvent déposer leur candidature en ligne durant un mois, à partir du 22 décembre 2018. Ils seront convoqués pour un entretien dans les locaux parisiens de la Banque mondiale, notre partenaire. Parmi eux, douze candidats seront présélectionnés, à raison de trois candidats par pays.

Ces derniers participeront à trois de semaines de formation, comprenant des rencontres avec nos partenaires (entrepreneurs, banques), du coaching et de la consolidation du projet – au Burkina, en Côte d’Ivoire, au Mali et au Sénégal. In fine, un lauréat par pays sera désigné.

Jeune Afrique

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CEO AfrikaTech

Comme beaucoup de personnes j’ai connu l’Afrique à travers des stéréotypes : l’Afrique est pauvre, il y a la guerre, famine… Je suis devenu entrepreneur pour briser ces clichés et participer à la construction du continent. J’ai lancé plusieurs entreprises dont Kareea (Formation et développement web), Tutorys (Plate-forme de e-learning), AfrikanFunding (Plate-forme de crowdfunding). Après un échec sur ma startup Tutorys, à cause d’une mauvaise exécution Business, un manque de réseau, pas de mentor, je suis parti 6 mois en immersion dans l’écosystème Tech au Sénégal. J’ai rencontré de nombreux entrepreneurs passionnés, talentueux et déterminés. A mon retour sur Paris je décide de raconter leur histoire en créant le média AfrikaTech. L'objectif est de soutenir les entrepreneurs qui se battent quotidiennement en Afrique en leur offrant la visibilité, les connaissances, le réseautage et les capitaux nécessaires pour réussir. L'Afrique de demain se construit aujourd'hui ensemble. Rejoignez-nous ! LinkedIn: https://www.linkedin.com/in/boubacardiallo

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