u moment où l’effort national peine à soutenir le riz local, et à lui assurer des débouchés, des initiatives privées, comme celle de “Maaro Njawaan”, émergent pour au moins soulager les agriculteurs du Trarza, en leur offrant des perspectives de commercialisation de leur riz, à un juste prix, immédiatemment disponible. Entretien avec sa directrice générale Safietou Kane.

Pourquoi avoir développé en particulier ce projet agroalimentaire?

Mon père nous a habitué depuis tout petit à l’environnement rural et agricole de Tékane. J’y suis viscéralement liée. J’y ai régulièrement entendu les plaintes des agriculteurs, sur la baisse des prix du riz, et le manque de débouchés qui leur sont offerts. Pour la communauté qui vit essentiellement de cette agriculture, c’est un problème grave.

Du coup, c’est un problème devenu une opportunité, qu’on a saisi. Venait le processus de comprendre intégralement le processus de culture du riz, l’usinage, la vente, le marché, et la logistique. Enfin il fallait juste se lancer.

La Mauritanie consomme 120.000 tonnes de riz par an, et la production locale ne couvre pas la moitié des besoins. Il y a donc des enjeux de sécurité et d’autosuffisance alimentaire pour un pays qui peut légitimement et objectivement y aspirer.

En rencontrant les agriculteurs, quelles difficultés avezvous rencontré ?

(Pensive). Aucune en particulier. Je pense cependant que toutes les activités d’entreprise, en dehors de la vente de vetements, la coiffure, et la restauration, sont traditionnellement pensées hors de portée du genre féminin. Malgré de notables progrès dans la tolérance à ce sujet, avec des cas de femmes émergentes.

Par exemple, quand je vais à la rencontre des cammionneurs pour réceptionner le riz en provenance de Rosso où il est traité, ils manifestent leur surprise de voir une jeune femme dans ce domaine, a priori réservé aux hommes ici. J’ai souvent eu ce genre de remarques : “tu vas faire tes études aux USA (Bachelor en International Business and Management- ndlr), et tu reviens travailler dans le riz!?” (rires).

Où achetez-vous le riz? Comment le traitez-vous?

Le riz est acheté dans le Trarza, avec tous les agriculteurs sans distinction. Seule la qualité prime. Nous nous imposons une certaine qualité. Ainsi nous avons une grille de prix en fonction de la qualité du paddy. Un bon paddy contient au moins 50% de riz blanc, le reste étant transformé en aliment de bétail. Le riz est transformé à Rosso par un prestataire externe auquel nous précisons la production d’un riz le plus blanc possible. Nous y avons fixé un contrôleur qualité pour nous en assurer.

Cliquez dessus pour agrandir l'image.
Cliquez dessus pour agrandir l’image.

C’est un débouché potentiellement important pour les producteurs de riz mauritanien…
Absolument ! L’agriculture offre des opportunités de travail incroyables dans un pays où la quasi-totalité de ce que nous consommons vient de l’extérieur. Développer le circuit économique de l’activité agricole revient donc d’abord à offrir des débouchés directs aux agriculteurs qui peuvent ainsi écouler leur production, et pérenniser la régularité de leurs campagnes de riz. Ce serait aussi assurer des emplois ouvriers dans le monde rural qui a besoin de fixer une partie de sa jeune population.

Un mot particulier ?

Ce genre de structure est un soulagement pour les agriculteurs, qui ont l’opportunité d’être payés immédiatement en cash à la vente, ou 90 jours plus tard pour un forfait plus important de 10% que la somme à la vente directe. Un gros problème est résolu pour ces agriculteurs qui disponibilisent ainsi le pécule, ou tout au moins une part importante du pécule dont ils auront besoin pour leur prochaine campagne de riz.

Nous voulons montrer qu’un riz de qualité est disponible chez nous, et que sa commercialisation est possible. C’est vraiment un des objectifs spécifiques de cette entreprise. Chez Maaro Njawaan nous voulons redorer le blason des produits agricoles mauritaniens assimilés faussement à la “mauvaise qualité” et au “bas prix”. Une très grande partie des clients déjà passés dans nos boutiques, ont confondu le riz local avec le riz importé ! C’est une fierté.

Source: http://www.mozaikrim.com/

About The Author

CEO AfrikaTech

Comme beaucoup de personnes j’ai connu l’Afrique à travers des stéréotypes : l’Afrique est pauvre, il y a la guerre, famine… Je suis devenu entrepreneur pour briser ces clichés et participer à la construction du continent. J’ai lancé plusieurs entreprises dont Kareea (Formation et développement web), Tutorys (Plate-forme de e-learning), AfrikanFunding (Plate-forme de crowdfunding). Après un échec sur ma startup Tutorys, à cause d’une mauvaise exécution Business, un manque de réseau, pas de mentor, je suis parti 6 mois en immersion dans l’écosystème Tech au Sénégal. J’ai rencontré de nombreux entrepreneurs passionnés, talentueux et déterminés. A mon retour sur Paris je décide de raconter leur histoire en créant le média AfrikaTech. L'objectif est de soutenir les entrepreneurs qui se battent quotidiennement en Afrique en leur offrant la visibilité, les connaissances, le réseautage et les capitaux nécessaires pour réussir. L'Afrique de demain se construit aujourd'hui ensemble. Rejoignez-nous ! LinkedIn: https://www.linkedin.com/in/boubacardiallo

Related Posts

Leave a Reply

Your email address will not be published.