Avec Eleis Farm, deux frères guinéens se sont lancés dans l’aventure de l’huile de palme équitable, introduisant la blockchain pour certifier leur production.

Les frères Barry ont lancé leur entreprise sociale en 2014, avec quelques milliers de dollars d’économie. Deux coups de fil reçus successivement par Hafi, l’aîné, créent chez lui un déclic. Le premier vient d’un exportateur qui, profitant de la chute de la devise guinéenne, souhaitait passer une large commande. Le deuxième émane du secrétaire général d’une coopérative, cherchant à vendre moins d’une dizaine de bidons d’huile, pour permettre aux femmes de son groupe d’acheter du riz pour l’hivernage.

En réponse, il décide alors de créer une entreprise. Son objectif est de faire le pont entre producteurs guinéens, leur garantissant un revenu équitable, et consommateurs étrangers, leur offrant une huile de qualité. Avec le soutien de ses proches, il se lance alors dans la réhabilitation et la modernisation de la plantation familiale.

Une première année difficile

« La première année fut pénible à plus d’un titre. Il fallait trouver de l’argent pour remettre à niveau notre usine de transformation vétuste, des fonds pour acheter des fruits aux voisins pour atteindre une masse critique et des employés qualifiés pour mener le projet à terme », se souvient Hafi.

Les frères ont le souci d’améliorer les méthodes de production grâce à des machines construites par des artisans locaux avec des matériaux recyclés. L’huile d’Eleis Farm est fermentée selon les méthodes traditionnelles et filtrée mécaniquement à 5 microns. En revisitant le concept du foyer amélioré, les entrepreneurs s’enorgueillissent d’avoir réduit de 8 0% l’utilisation d’eau dans le processus de production. Pendant les mois de récolte, Eleis Farm produit entre 400 et 1,200 litres d’huile par mois et génère des profits depuis ses débuts en 2014.

La totalité des revenus est réinvestie pour entretenir les 8 hectares de forêt protégée, la route menant au débarcadère, les puits et améliorer la plantation. Eleis Farm n’emploie que des femmes. « Une sensibilité pour ces problématiques est, avant tout, un corollaire de notre industrie et de notre position géographique. Basée à Kamsar à moins de 15 kilomètres de la plus grande usine de bauxite du monde, notre plantation et les villages alentour sont affectés par la montée des eaux causée par la déforestation de la mangrove. En outre, en Afrique, l’huile de palme est une affaire de femme depuis la nuit des temps », confie Hafi.

Eleis Farm est le premier finaliste guinéen de MassChallenge, un organisme créé à Boston pour aider les entrepreneurs à lancer et à développer de nouvelles entreprises. L’entreprise a rivalisé avec des start-ups du monde entier et s’est qualifiée dans le top 5. À la clé, les 26 meilleures start-ups se partagent 1,6 million de dollars, un accès gratuit à des locaux ainsi que du mentoring.

LES CLIENTS POURRONT VOIR QUEL PETIT EXPLOITANT CULTIVE SON PRODUIT ET ASSISTER AU PROCESSUS D’EMBALLAGE QUI A LIEU EN GUINÉE

Cibler la diaspora africaine aux États-Unis

En 2018, après plusieurs études de marché, les frères Barry ont décidé d’exporter aux États-Unis auprès de la diaspora. « Dans le nord de Manhattan et le Bronx, l’écosystème des supermarchés Africains est prospère », soutient Hafi.  Eleis Farm a déjà une stratégie de communication digitale pour identifier sa clientèle en connectant les membres de la diaspora et les petits agriculteurs en Guinée via les médias sociaux. « Nous utilisons Instagram et des vidéos pour raconter les histoires des agriculteurs et illustrer le travail environnemental que nous menons », détaille Maarouf, le benjamin.

Les frères Barry souhaitent que leur filière soit transparente pour les consommateurs. « Nous travaillons avec des ingénieurs et des développeurs à Boston pour développer une application blockchain dans notre système de chaîne d’approvisionnement qui conservera toutes les informations de la chaîne de valeur. Cela permettra à nos clients de voir le parcours de leur huile de palme. Les clients pourront voir quel petit exploitant cultive son produit et assister au processus d’emballage qui a lieu en Guinée », explique Maarouf. « Les agriculteurs partenaires d’Eleis recevront une partie des bénéfices après la vente au client final. L’intégration de la blockchain et du paiement mobile en Guinée permettra au client aux États-Unis de voir leur impact », poursuit-il.

Jeune Afrique

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CEO AfrikaTech

Comme beaucoup de personnes j’ai connu l’Afrique à travers des stéréotypes : l’Afrique est pauvre, il y a la guerre, famine… Je suis devenu entrepreneur pour briser ces clichés et participer à la construction du continent. J’ai lancé plusieurs entreprises dont Kareea (Formation et développement web), Tutorys (Plate-forme de e-learning), AfrikanFunding (Plate-forme de crowdfunding). Après un échec sur ma startup Tutorys, à cause d’une mauvaise exécution Business, un manque de réseau, pas de mentor, je suis parti 6 mois en immersion dans l’écosystème Tech au Sénégal. J’ai rencontré de nombreux entrepreneurs passionnés, talentueux et déterminés. A mon retour sur Paris je décide de raconter leur histoire en créant le média AfrikaTech. L'objectif est de soutenir les entrepreneurs qui se battent quotidiennement en Afrique en leur offrant la visibilité, les connaissances, le réseautage et les capitaux nécessaires pour réussir. L'Afrique de demain se construit aujourd'hui ensemble. Rejoignez-nous ! LinkedIn: https://www.linkedin.com/in/boubacardiallo

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