« If I can’t change the world I’ll improve some lives » est la devise de ce jeune entrepreneur. De Bingerville à Nairobi, où son discours a ouvert en juillet 2015 le 6e sommet mondial de l’entrepreneuriat en présence de Barack Obama, son parcours est celui d’un homme cohérent et déterminé.
A la tête de l’ONG Akendewa depuis 2009, il estime que le salut de la jeunesse africaine passe par les TIC*, dont il se fait l’infatigable promoteur.
Voix grave, verbe rare, silhouette athlétique entretenue par une longue pratique du basket, allure impeccable… on sent qu’il prend sur lui, que le RP l’ennuie. Que son esprit hyperactif est pris dans les mailles d’autres toiles, d’autres idées, d’autres projets. Loin du « star-system » de la technosphère ivoirienne et de son corollaire de chasse à la popularité, ce fan de Tony Elumelu – il fait partie des mentors du programme mis en place par le philanthrope nigérian – et papa de jumelles taille la route avec efficacité, un projet et un pas après l’autre, sans se soucier du qu’en-dira-t-on.
Né en 1981 à Aboisso (sud-est de la Côte d’Ivoire), il s’initie très jeune aux activités associatives et à l’informatique, via le club scientifique de son collège. Son bac en poche, c’est à Poitiers qu’il part poursuivre ses études, sanctionnées par un DUT en génie électrique et informatique industriel, et une licence professionnelle en systèmes informatiques et logiciels obtenue, elle, à l’Université Saint-Charles de Marseille. En 2004, encore étudiant, il est embauché dans une SS2I japonaise basée à Toulouse, Index Multimedia, première entreprise spécialisée dans le développement d’applications mobiles sur Java/J2Es. Etape suivante : Paris, où notre oiseau voyageur intègre Capgemini puis AOL (alors numéro 2 de l’Internet en France) en tant que développeur indépendant d’applications Web, participant notamment à la conception du portail Vodafone live pour SFR, avant de travailler comme ingénieur d’études et développement dans le secteur bancaire (Natixis Bank) puis architecte logiciel.
ESSAI ET ERREUR
« Le choc : je suis revenu là, et j’ai retrouvé des potes qui traînaient encore à la fac à 27-28 ans. En revanche, je me suis aperçu que les gens étaient plus intéressés par Internet que je n’aurais pensé…» De retour à Paris, «JP» monte AllDenY, une structure spécialisée dans le conseil et le développement d’applications Web et mobile. Il tente de créer une filiale en Côte d’Ivoire, mais l’expérience tourne au fiasco : «J’ai réuni cinq ingénieurs et je les ai formés. On a commencé à travailler, mais la qualité des standards européens n’étant pas au rendez-vous, les clients n’ont pas suivi.
J’avais acheté plein de matériel, pensant que j’allais faire de l’argent pour toute l’année; j’avais tout misé là-dessus et j’ai tout perdu.» Pas démotivé pour autant, il repositionne AllDenY sur le marché ivoirien en l’adaptant aux besoins locaux. Réfléchissant aux applications sociales d’Internet, il a l’idée d’organiser un BarCamp, sorte de non-conférence communautaire et participative basée sur un concept né en Californie et développé par Tim O’Reilly, grand gourou de l’open source. L’idée ? « Rassembler tous les acteurs, de l’expert à l’amateur, afin de réduire le fossé qui les sépare et contribuer à une croissance rapide de la technosphère ivoirienne à travers un événement que tout le monde puisse s’approprier.» Le premier BarCamp ivoirien a lieu en juillet 2009 à Abidjan.
Leave a Reply