Il a suffi d’une épidémie, Ebola, pour montrer dans quel terrible état se trouvaient les infrastructures et les systèmes de santé en Afrique de l’Ouest, malgré des décennies d’aide au développement. Et si la solution était numérique ? Et si la technologie, les applications et la mise en réseau permettaient des succès là où les briques et le mortier ont échoué ? C’est tout le pari de l’e-santé, qui suscite désormais de grands espoirs en Afrique.

« Oui, la technologie vient des pays du Nord, mais les usages les plus avancés viennent de l’Afrique, écrit Jean-Michel Huet, auteur du Digital en Afrique (Ed. Michel Lafon). En réduisant les coûts transactionnels, le numérique permet de réduire l’écart entre les populations africaines ayant accès à Internet et celles d’Europe ou des Etats-Unis. Jamais un Africain d’une grande ville n’a été aussi proche d’un Français. »

 

Cela fait d’ailleurs douze ans que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a adopté une résolution pour la création d’une stratégie e-santé. D’après l’OMS, les innovations numériques contribuent aux objectifs de la couverture sanitaire universelle en faisant tomber certaines barrières comme le coût, l’accès ou le manque de qualité des soins, tout en étendant la gamme des services proposés. En particulier dans les régions où règne une pénurie de personnel et d’infrastructures.

Mais l’essor concret de l’e-santé est plus récent. Depuis quelques années, partout sur le continent, les applications se développent. Et s’il devait y avoir un classement des priorités dans ce domaine, la santé des femmes enceintes et des enfants en bas âge arriverait en tête. Ainsi, sur les neuf projets récompensés, lundi 3 juillet, à Lavaur (Tarn) par l’Observatoire de l’e-santé dans les pays du Sud, six concernent des actions destinées à réduire la mortalité chez les mères et leurs nouveau-nés.

« La santé mère-enfant est l’un des domaines où il y a le plus de besoins, indique Béatrice Garrette, directrice générale de la Fondation Pierre-Fabre, qui a créé cet observatoire en 2015. Il faut améliorer l’accès aux services de santé… Une révolution numérique est en marche et elle connecte 95 % de la population par un réseau cellulaire. Cette révolution inclut les pays du Sud et sort de leur isolement les populations les plus vulnérables. »

Plate-forme de drones

Toutes les communications scientifiques de cette journée de conférences le disent : la nécessité d’impliquer les pouvoirs publics dans les projets d’e-santé est l’un des facteurs de succès. Dans ce domaine, le Rwanda fait figure de champion, avec une stratégie nationale adoptée dès 2008.

« Grâce à une importante implication des élus, nous avons par exemple développé une application qui fonctionne par SMS dans chaque village, a expliqué Erick Gaju, coordonnateur e-santé national du Rwanda. Les femmes enceintes reçoivent des messages pour leur rappeler les dates des visites médicales puis celles des premiers vaccins de leur enfant. Nous avons aussi développé une plateforme de drones qui permet de livrer très rapidement des poches de sangs dans les hôpitaux de l’est du pays. Au Rwanda, il y a des infrastructures et du personnel spécialement dédié aux différents programmes d’e-santé. »

 

Ailleurs, bien souvent, le développement de projets pilote à l’échelle du pays relève du parcours du combattant. « Il faut trouver des partenaires et ce n’est pas simple, reconnaît l’Ethiopienne Tigest Tamrat, consultante au département santé et recherche de l’OMS. Tout dépend souvent de la volonté des Etats à s’endetter. Sont-ils prêts à le faire pour un domaine capital comme celui de la santé ? Ce n’est pas toujours le cas. Même si le numérique permet bien des économies. »

Sur les neuf projets récompensés le 3 juillet, quatre concernent le continent africain, où près de la moitié de la population, soit un demi-milliard de personnes, utilisent des services mobiles. Chaque projet primé sera accompagné pendant un an par la Fondation Pierre-Fabre avec la contribution de la Fondation de l’avenir et de l’Agence française de développement (AFD, partenaire du Monde Afrique), ce qui lui donnera accès à une aide financière ainsi qu’à différents services : communication, études, web design.

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CEO AfrikaTech

Comme beaucoup de personnes j’ai connu l’Afrique à travers des stéréotypes : l’Afrique est pauvre, il y a la guerre, famine… Je suis devenu entrepreneur pour briser ces clichés et participer à la construction du continent. J’ai lancé plusieurs entreprises dont Kareea (Formation et développement web), Tutorys (Plate-forme de e-learning), AfrikanFunding (Plate-forme de crowdfunding). Après un échec sur ma startup Tutorys, à cause d’une mauvaise exécution Business, un manque de réseau, pas de mentor, je suis parti 6 mois en immersion dans l’écosystème Tech au Sénégal. J’ai rencontré de nombreux entrepreneurs passionnés, talentueux et déterminés. A mon retour sur Paris je décide de raconter leur histoire en créant le média AfrikaTech. L'objectif est de soutenir les entrepreneurs qui se battent quotidiennement en Afrique en leur offrant la visibilité, les connaissances, le réseautage et les capitaux nécessaires pour réussir. L'Afrique de demain se construit aujourd'hui ensemble. Rejoignez-nous ! LinkedIn: https://www.linkedin.com/in/boubacardiallo

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