Biométrie, drones, big data… Des solutions efficaces moins coûteuses se font jour, qui sont mieux adaptées aux moyens des pays africains.

Plus de 250 000 applications civiles ont été développées à ce jour à partir des drones. Si le marché est encore balbutiant en France, avec, entre 2013 et 2014, plus de 800 entreprises créées dans le secteur et une législation à la traîne, sur le plan de la sécurité, ils sont un outil entré dans les moeurs des armées depuis plusieurs années déjà, notamment celle des États-Unis pour des opérations « zéro mort », c’est-à-dire sans perte américaine.

Plus récemment l’armée syrienne a utilisé des drones livrés par l’allié russe. Selon Amnesty International, « entre 2005 et décembre 2011, le nombre de pays possédant des drones militaires est passé de 41 à 76. En 2014 et 2015, d’autres rapports sont venus confirmer cette tendance. 90 pays ainsi que des groupes non étatiques utiliseraient des drones. Parmi eux, 20 pays auraient des programmes de développement de drones armés et 10 pays en posséderaient déjà. Autre point : plus de 50 pays fabriqueraient près de 900 drones différents. Le marché n’en reste pas moins dominé par les États-Unis et Israël qui maîtrisent, historiquement, ces systèmes d’armes. »

« L’Afrique est déjà armée pour mettre en place des solutions très concrètes »
Si les armées africaines n’en possèdent pas à ce jour, les actions qu’elles mènent avec leurs alliés sur certaines zones, les Français pendant l’opération Serval par exemple au nord du Mali, ont fait appel à cette technologie. Et face aux faiblesses des armées du continent, les experts misent sur « ces révolutions technologiques ».

« Nous devons prendre des mesures à grande échelle, la technologie peut nous aider à le faire, par exemple pour mieux contrôler les frontières ou sécuriser les aéroports avec un échange d’informations continu et en temps réel », explique un expert. Au-delà des drones, la biométrie, les fichiers informatisés ou data, sont autant d’outils jugés plus efficaces et moins coûteux, et donc à la portée des portefeuilles des États africains.

Ainsi que l’explique Laurent Denizot, fondateur et président d’Egidium Technoligies, une start-up française, éditeur de logiciel qui développe des solutions dédiées à la protection des sites sensibles, des grands évènements et de la gestion de crise : « L’Afrique est déjà armée pour mettre en place des solutions très concrètes. Elle dispose d’infrastructures de télécommunication, ce qui est un préalable nécessaire pour traiter la sécurité qui repose sur une capacité à échanger l’information. Il faut voir le taux de pénétration des réseaux sociaux pour voir que les sociétés sont prêtes et matures, voire dépassent d’autres régions du monde. » À titre d’exemple, le paiement par mobile, peu développé en Europe, et très en vogue sur le continent. « Le terreau est là. Il faut pouvoir travailler en partenariat sur des solutions innovantes technologiques qui ont vocation à utiliser les moyens existants, qui peuvent être des capteurs, des caméras et des systèmes de détection des moyens de communication, et permettre aux autorités et aux forces en charge de la sécurité d’avoir une meilleure compréhension de leur environnement pour une meilleure aide à la prise de décision pour ensuite traiter les opérations. »

« Ce qui est mis en place en Afrique peut être développé à l’international »
L’Afrique pourrait même, dans ce domaine, comme elle l’est de plus en plus en ce qui concerne les nouvelles technologies, servir de laboratoire. « Il faut travailler avec les pays africains et notamment les entités régionales afin de construire ensemble des solutions, des produits qui puissent répondre non seulement aux besoins des pays africains, mais également des Européens et au monde entier. Puisque ce qui est mis en place en Afrique peut être développé à l’international.

Et il est tout à fait utile de poursuivre ces efforts déjà engagés pour poursuivre des solutions profitables à tout le monde et construire des collaborations transcontinentales », dit-il. L’Afrique a, en attendant, déjà adoptée la biométrie. Et bien avant le reste du monde manifestement. « La question de l’état civil ne pose pas de problème en France comme en Afrique. Il y a trente ans, un chef d’État d’Afrique de l’Ouest nous a sollicités pour l’aider à constituer un état civil fiable », confie un consultant français. Une technologie que l’on a développée pour un État africain et qui a ensuite été reprise ailleurs de par le monde. C’est un exemple de transfert sud-nord. » Et de rappeler au passage : « Le premier pays au monde à avoir élaboré une carte d’identité biométrique est Africain.

C’est le Cameroun. » Si la biométrie est en effet déjà utilisée dans certaines pays du continent, pour faciliter l’élaboration d’un fichier d’état civil fiable à des fins électorales notamment, ailleurs, elle sert comme instrument de développement socio-économique et de lutte contre la corruption. C’est le cas de l’Inde où un système a été adopté pour limiter les fraudes dans la distribution de nourriture. « Le projet Aadhaar a permis une économie de 24 % des dépenses en bons d’essence, 10 % en bons de nourriture », rapporte un expert. Aadhaar, c’est 10 milliards de croisements d’identité à la seconde. » Des contrôles sur la base d’une identification par l’iris. Empreintes digitales, détection faciale, iris…

Les possibilités se multiplient à mesure que les besoins augmentent. Même si leur développement n’est pas sans poser un certain de questions, en termes de respect des droits humains notamment, mais également de sécurité. « Pour mieux contrôler les frontières, nous avons besoin d’information continue et en temps réel. » Des données stockées dans le monde virtuel et qui doivent être protégées. C’est le risque d’Internet. « Nous devons utiliser la technologie à notre avantage. La sécurité ne doit pas être un obstacle à l’échange de flux, nuance un industriel. Le big data ne va pas nous aider à prendre des décisions mais il va révéler les anomalies. » Et permettre aux États d’agir plus rapidement et donc plus efficacement. « À ce niveau, il faut impérativement associer les industriels. » Comme c’est dejà le cas aux États-Unis.

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CEO AfrikaTech

Comme beaucoup de personnes j’ai connu l’Afrique à travers des stéréotypes : l’Afrique est pauvre, il y a la guerre, famine… Je suis devenu entrepreneur pour briser ces clichés et participer à la construction du continent. J’ai lancé plusieurs entreprises dont Kareea (Formation et développement web), Tutorys (Plate-forme de e-learning), AfrikanFunding (Plate-forme de crowdfunding). Après un échec sur ma startup Tutorys, à cause d’une mauvaise exécution Business, un manque de réseau, pas de mentor, je suis parti 6 mois en immersion dans l’écosystème Tech au Sénégal. J’ai rencontré de nombreux entrepreneurs passionnés, talentueux et déterminés. A mon retour sur Paris je décide de raconter leur histoire en créant le média AfrikaTech. L'objectif est de soutenir les entrepreneurs qui se battent quotidiennement en Afrique en leur offrant la visibilité, les connaissances, le réseautage et les capitaux nécessaires pour réussir. L'Afrique de demain se construit aujourd'hui ensemble. Rejoignez-nous ! LinkedIn: https://www.linkedin.com/in/boubacardiallo

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