CLIMAT – Ce sera en quelque sorte le “Off” africain de la Cop 21 qui se déroulera à Paris. Du 2 au 11 décembre, le “Land Of African Business” (ou LAB), organisé par lesAteliers de la Terre, rassemblera au cœur de la capitale française (à l’Hôtel de l’Industrie) la société civile africaine et les innovateurs du continent: plusieurs centaines d’acteurs du changement se réuniront pour débattre et faire bouger les lignes, 9 jours durant. Autour de plusieurs mots d’ordre: l’innovation écologique, l’accès à l’énergie ou encore l’économie circulaire.

Coliba (Ghana – Côte d’Ivoire)
Coliba, un mot ghanéen qui signifie trier en langue française. Et en effet, le projet Coliba veut, grâce au numérique, donner la possibilité aux africains de collecter et de trier eux-mêmes leurs déchets tout en étant rémunéré pour cela, grâce au paiement mobile. Une mise en relation avec les centres de tri les plus proches est également réalisées grâce à l’application. Un idée imaginée puis prototypée en quelques jours dans le bus AMPION, un “hackaton roulant” reliant Abidjan à Lagos durant 7 jours, en octobre 2015. Avec à son bord plusieurs dizaines de jeunes entrepreneurs africains. Parmi eux, l’entrepreneur social ivoirien Yaya Bruno Koné, l’un des cofondateurs de Coliba. “En Afrique de l’Ouest, que vous soyez dans les villes ou à la campagne, les déchets sont partout, et notamment les résidus plastiques. Les sachets plastiques envahissent tous les espaces”. Un défi pour l’environnement mais aussi un danger pour la santé publique explique Yaya Bruno Koné qui pointe également du doigt les déchets métalliques et électroniques qui empoisonnent petit à petit l’environnement. Une situation en grande partie causée par la défaillance des services publics. Avec son équipe de développeurs venus de Côte d’Ivoire et du Ghana, Yaya Bruno Koné devrait réaliser les premiers déploiements de Coliba sur le terrain au Ghana, avec Accra comme première ville pilote. “Nous avons déjà établi des contacts avec quatres centres de tri locaux pour commencer à implémenter notre solution et recruter nos premiers utilisateurs”. Avec en parallèle un immense travail de sensibilisation des populations.
MobiSol (Rwanda-Allemagne)
Alors que sur l’ensemble du continent africain, près de 600 millions d’individus continuent de vivre sans électricité, au Rwanda, en Tanzanie et au Kenya, l’électrification des zones rurales est en train de progresser. Un progrès porté par un nombre grandissant d’entrepreneurs sociaux qui combinent le pouvoir du numérique avec celui de l’énergie solaire pour “disrupter” le secteur de l’énergie en Afrique. C’est le cas de la start-up rwando-allemande MobiSol qui en un peu moins de trois années a déjà apporté la lumière à plusieurs dizaines de milliers de foyers en Afrique de l’Est. Le 30.000 ème client de MobisSol a ainsi symboliquement reçu son kit solaire (pouvant produire jusque 3 MegaWatts) fin octobre 2015, dans le village de Ngasamo dans la Tanzanie rurale. Pour chaque habitation équipée en panneaux solaires, MobiSol se rémunère à la fin de chaque mois en percevant un “loyer solaire”: l’équivalent 5 à 10 dollars environ, prélevée sur une période totale de 36 mois grâce au paiement par SMS. Le modèle économique de MobiSol repose aussi en partie sur des partenariats commerciaux et techniques noués avec des opérateurs télécoms. Des partenariats souvent indispensables pour passer à l’échelle comme par exemple au Rwanda où MobiSol a signé un partenariat avec MTN, l’un des poids lourds du secteur des télécommunications. Objectif: électrifier les écoles dans les campagnes rwandaises grâce à l’énergie solaire (8 écoles sont déjà entièrement électrifiées). Des partenariats qui s’avéreront surtout nécessaire pour tripler les objectifs de MobiSol en moins d’une année: portée par sa croissance, la start-up affiche un objectif de 100.000 foyers africains alimentés en énergie solaire d’ici fin 2016.

JokkoSanté (Sénégal)
Faire jaillir des synergies fortes entre l’univers du recyclage et le monde de la santé, en appliquant les principes de l’économie circulaire, voici l’objectif qu’est en train de poursuivre la start-up sociale JokkoSanté, une pharmacie communautaire virtuelle sénégalaise. A la tête de la jeune pousse, le sénégalais Adama Kane, qui souhaite lutter efficacement contre le gâchis des médicaments: “52% à 72% des dépenses de santé des sénégalais sont consacrés à l’achat de médicaments… or la majorité de ces médicaments ne sont jamais consommés en totalité et surtout 80% des sénégalais ne disposent d’aucune couverture santé. C’est une énorme perte !”. D’où l’idée de créer une “pharmacie 2.0”, Jokkosanté, une application web et mobile qui permet de récupérer et de partager les médicaments inutilisés grâce à internet, “tout en associant des professionnels de la santé tout au long de chaque transaction” assure Adama Kane qui s’est entouré de trois docteurs en pharmacie pour former son équipe, en plus des développeurs. Pour déposer ou acheter des médicaments sur la plateforme JokkoSanté, les sénégalais ont besoin d’un numéro de téléphone: “grâce au paiement mobile, chaque compte sera crédité ou débité en fonction de la valeur des médicaments déposés ou retirés”. Pour chaque transaction réussie, JokkoSanté prélèvera une commission de 10%.

Lu sur: http://www.huffingtonpost.fr/samir-abdelkrim/cop21-paris-linnovation-africaine-lab_b_8629030.html
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