Du Cameroun au Maroc, des start-up font du numérique une arme pour lutter contre les déserts médicaux. Certaines d’entre elles seront à Paris pour Viva Tech.
Elle vole au secours des futures mamans jusque dans les zones reculées, voire secouées par les djihadistes de Boko Haram. Fondée à Yaoundé (Cameroun) en 2013, la start-up Gifted Mom (maman douée, en anglais), qui participe à Viva Tech, a développé une application permettant de rappeler aux femmes enceintes et nouvelles mères les dates des vaccins ou des consultations à faire pendant et après la grossesse. Un algorithme permet, en outre, d’envoyer des messages personnalisés, en fonction de l’âge du nourrisson notamment.
« Une équipe de 12 personnes à temps plein, 2 médecins et 4 agents de terrain travaillent avec plus de 30 infirmières dans les hôpitaux du Cameroun », explique Alain Nteff, le fondateur, qui veut lutter contre la mortalité infantile (51 morts pour 1 000 naissances, en 2017). Soutenu par un incubateur sud-africain et les Nations unies, plusieurs fois récompensée, son entreprise a accompagné plus de 130 000 femmes. Disponible dans des langues locales, l’appli gratuite a été téléchargée jusqu’au Sénégal et en Ouganda.
Se financer grâce aux prix
En quête d’un modèle économique viable, Gifted Mom envisage de facturer des conseils supplémentaires. « Un service spécial auprès des opérateurs de téléphonie mobile a été testé et a démontré que les utilisateurs sont prêts à payer jusqu’à 50 francs CFA (NDLR : 0,08 €) par semaine », assure Alain Nteff.
Sélectionnées par la multinationale Sanofi, partenaire de Viva Tech, d’autres sociétés luttant contre les déserts médicaux en Afrique se financent grâce aux prix glanés à travers le monde. La start-up sud-africaine Vula Mobileen a remporté une dizaine depuis sa création en 2014. Son application met en relation des agents de santé, intervenant en zone rurale, et des médecins spécialistes, basés en ville. Par exemple, un ophtalmologue de Johannesburg reçoit les informations sur un patient du fin fond du Swaziland puis livre ses conseils, sans se déplacer.
La jeune entreprise ghanéenne Bisa a aussi misé sur l’essor du smartphone en Afrique. Son appli permet d’interagir avec le personnel d’un hôpital, bien que situé à deux heures de route.
S’exporter jusqu’en Inde
D’autres start-up africaines, présentes du 24 au 26 mai à Paris, assurent sauver des vies. C’est le cas de SOS Santé, jeune pousse de 5 salariés basée à Casablanca (Maroc). Branché à l’allume-cigare d’une voiture, son boîtier alerte par SMS les services de secours les plus proches en cas d’accident. « Des algorithmes de machine learning (NDLR : apprentissage automatique) permettent notamment de prévenir des accidents », assure Khalid Machchate, le cofondateur de 26 ans. Et de confier : « J’ai étudié les failles des appels d’urgence quand un membre de ma famille a dû attendre deux heures après un accident de la route. »
Des assureurs achètent ce système connecté entre 250 € et 340 € pour leurs clients particuliers. « Des entreprises l’utilisent aussi pour suivre leur flotte de véhicules », précise l’ingénieur. SOS Santé, qui a déjà commercialisé 200 boîtiers, prévoit d’en vendre 10 000 d’ici mi-2019, au Maroc, en Afrique du Sud, au Nigeria et en Inde.
Le Parisien
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