Du 4 au 25 novembre, le site kényan Ushahidi organise un sondage mondial en ligne. Son nouveau programme, V3, correspond-il bien aux attentes ? Quelles améliorations faut-il y apporter ? C’est aux internautes de répondre. Et pour cause, ce sont eux, dans le monde entier, qui se sont saisis de ce programme open source, donc en accès libre, et qui ne cessent depuis de repousser les limites de son utilisation. Comme actuellement au Burundi avec cette carte en ligne, lancée en avril à Bujumbura, la capitale, et qui tente, dans une situation extrêmement critique, de visualiser en un même lieu numérique l’ensemble des violences faites aux civils.

A sa création, en décembre 2007, Ushahidi est imaginé en urgence à Nairobi pour que des habitants de la capitale kényane puissent indiquer sur une carte numérique les rues à éviter lors des émeutes post-électorales. Un acte civique réalisable par le seul envoi d’un SMS.

Depuis cette date, tout s’est accéléré et de nouveaux usages se sont inventés. Au Nigeria, en Zambie, mais aussi en Colombie ou en Albanie, des associations ou collectifs ont utilisé la plate-forme participative pour tenter de détecter les fraudes électorales ; en Egypte et en Inde, pour dénoncer les violences sexuelles faites aux femmes. En Libye, en Syrie ou en Afghanistan, ce sont des agences internationales, telle l’Unocha (United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs), qui s’en sont servies pour un usage privatif afin de coordonner leurs actions sur le terrain.

Une créativité numérique tous azimuts

Difficile de faire une liste exhaustive de ces usages : les membres d’Ushahidi eux-mêmes n’en sont pas capables, car le programme peut se télécharger, par principe, sans aucune demande préalable. « On estime qu’il a été utilisé par plus 60 000 projets », avance Angela Oduor Lungati, directrice de l’engagement communautaire. Un document en ligne fait état des déploiements connus par l’équipe kényane. On y découvre ainsi que, cet été, une plate-forme a été ouverte en Suède pour lutter contre les discriminations homophobes, et que quatre sites ont été créés quasi simultanément au Nigeria pour surveiller le bon déroulement de l’élection présidentielle.

La multiplication de ces initiatives pose de nouvelles questions. Cette créativité numérique tous azimuts est-elle toujours efficace ? Sur quoi ces actions débouchent-elles concrètement ? « Il existe parfois un manque de continuité dans toutes ces démarches », constate l’informaticien Rory Hodgson, qui travaille actuellement avec l’organisation Stakeholder Democracy Network (SDN) au Niger et a géré, en 2011 et en 2015, deux plates-formes participatives au Nigeria utilisant le programme Ushahidi. Ce questionnement et les pistes pour que ces actions aient plus d’impact ont été au centre de la deuxième conférence Buntwani, qui s’est déroulé les 25 et 26 août à Johannesburg.

« Des actions collaboratives sociétales »

Dans une démarche volontariste, Ushahidi a lancé un nouveau projet, 100 Resilient Cities, financé par la Fondation Rockfeller, que dirige Shadrock Roberts, aux Etats-Unis. « Il s’agit de favoriser des projets où des collectifs citoyens, souvent mis de côté, deviennent partie prenante dans la gouvernance d’une ville. » Point d’angélisme pour autant chez cet ancien de l’Usaid (agence états-unienne pour le développement international), « la cartographie en ligne est une porte vers une nouvelle communication. Certaines communautés affichent des revendications politiques et utilisent la carte pour acquérir des données peu accessibles afin de faire avancer une cause. Mais ces actions collaboratives sociétales sont difficiles à mettre en place, et notamment à maintenir dans la durée. »

Le Monde a voulu en savoir plus sur ces projets, enfants inattendus d’Ushahidi. Qui sont-ils ? Quelles nouvelles questions sur la place et le rôle de la société civile font-ils surgir ? Surveillance électorale,défense des droits des femmes, aide aux migrants mais aussi participation citoyenne pour améliorer la vie en ville… Tour du monde de ces utilisations protéiformes du programme kényan en dix exemples, dix actions sur quatre continents.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/11/10/ushahidi-une-technologie-africaine-qui-a-conquis-la-planete_4806913_3212.html#kG6iq3I3c33mXU0r.99

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CEO AfrikaTech

Comme beaucoup de personnes j’ai connu l’Afrique à travers des stéréotypes : l’Afrique est pauvre, il y a la guerre, famine… Je suis devenu entrepreneur pour briser ces clichés et participer à la construction du continent. J’ai lancé plusieurs entreprises dont Kareea (Formation et développement web), Tutorys (Plate-forme de e-learning), AfrikanFunding (Plate-forme de crowdfunding). Après un échec sur ma startup Tutorys, à cause d’une mauvaise exécution Business, un manque de réseau, pas de mentor, je suis parti 6 mois en immersion dans l’écosystème Tech au Sénégal. J’ai rencontré de nombreux entrepreneurs passionnés, talentueux et déterminés. A mon retour sur Paris je décide de raconter leur histoire en créant le média AfrikaTech. L'objectif est de soutenir les entrepreneurs qui se battent quotidiennement en Afrique en leur offrant la visibilité, les connaissances, le réseautage et les capitaux nécessaires pour réussir. L'Afrique de demain se construit aujourd'hui ensemble. Rejoignez-nous ! LinkedIn: https://www.linkedin.com/in/boubacardiallo

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